Réforme des collectivités et suppression de la TP : les deux sénateurs charentais ont entamé leur grande croisade
[ Article Sud Ouest du 30/10/09 ]
Nicole Bonnefoy et Michel Boutant ont tenu hier leur première réunion sur les réformes gouvernementales.
Beaucoup d’élus du canton, hier soir, dans la salle polyvalente de Saint-Amant-de-Boixe. Des élus qui ne perdent pas une miette des explications méthodiques de Michel Boutant et Nicole Bonnefoy.
À chacun son rôle : le premier évoque la réforme de la taxe professionnelle, la fin de l’autonomie fiscale des collectivités locales et du département de la Charente qui perdra 13 millions d’euros de recettes propres à l’horizon 2011 ; la seconde s’attaque à la réforme des collectivités territoriales qui va laisser sur le flanc la Région mais surtout les départements (lire notre édition de samedi).
Les deux sénateurs, qui entamaient hier une croisade d’une dizaine de réunions dans tout le département, avaient cependant une préoccupation : celle de dépasser les clivages politiques, en faisant appel au bon sens de tous. « Je parle d’un point de vue de responsable de collectivité », signifie Michel Boutant qui, avec Nicole Bonnefoy, n’hésite pas à glisser, au coeur du diaporama des citations d’Alain Juppé, Jean-François Coppé ou Jean-Pierre Raffarin. Citations qui prennent toutes le contre-pied des réformes.
« On touche à un financement dynamique de nos collectivités », glisse le sénateur qui note au passage que les impôts et taxes perçues par les collectivités locales ne seront plus que des dotations d’État, « impossible à faire évoluer ».
Les entreprises ? « Ce n’est même pas sûr qu’elles y gagnent, ajoute Nicole Bonnefoy. Parce que les collectivités ne pourront plus être à l’origine des chantiers qui les font vivre. »
Les deux sénateurs alignent les arguments imparables, déjà énoncés lors de la séance plénière du Conseil général, vendredi dernier. Ils mettent le doigt sur le flou de certains points des réformes et tentent d’en dégager l’absurdité : comment faire loger, par exemple, 106 conseillers territoriaux, les futurs remplaçants des conseillers régionaux et départementaux, dans l’hôtel de région de Poitiers ?
« Cette réforme repose sur un discours démagogique et l’exploitation d’une mauvaise image des élus, renchérit Nicole Bonnefoy. On nous parle d’économie… Il faut savoir que les indemnités des élus représentent 0,075 % des budgets des régions et départements de France. » La réforme n’aurait donc pas d’autres buts que de museler les pouvoirs locaux en renforçant celui du préfet. Une négation de la décentralisation, en somme… Le retour sur le terrain politique était donc inévitable.