Réforme des collectivités et suppression de la TP : Les sénateurs et des maires en force contre Sarkozy
[ Article de la Charente Libre du 09/01/10 ]
Ils sont scandalisés par les réformes de la taxe professionnelle et des collectivités territoriales. Ils l’ont clamé jeudi soir à Montbron. Michel Boutant et Nicole Bonnefoy ont été à la fois pédagogiques et cinglants.
Deux sénateurs PS qui citent en exemple deux anciens Premiers ministres UMP. C’était jeudi soir, à l’occasion d’un débat entre élus organisé à Montbron. Au micro, devant une centaine de personnes, Nicole Bonnefoy et Michel Boutant ont repris à leur compte les déclarations peu amènes de Jean-Pierre Raffarin et d’Alain Juppé à l’égard de la réforme de la taxe professionnelle (TP), déjà actée, et de la réforme des collectivités territoriales, en discussion. «C’est comme si Sarkozy s’affichait en héritier de Jaurès», a ironisé un élu de l’Angoumois, à l’oreille de son voisin. Une manière surtout d’exprimer haut et fort que le «problème dépasse les clivages politiques» ont justifié, les parlementaires. Trois mois après avoir sonné la charge anti-Sarkozy, écrit aux maires du département et lancé une pétition les locataires charentais du Palais du Luxembourg viennent de boucler ou presque (1), une série de réunions destinées à expliquer les réformes. Et à les dénoncer. A Montbron, ils ont été aussi pédagogiques que cinglants.
«Réforme anti-rurale»
«Je regrette que ces réformes aient un socle: le dénigrement, s’est insurgée Nicole Bonnefoy. Que nous dit-on: que nous, élus locaux, on coûte trop cher. Nous serions responsables de la crise et du déficit abyssal de l’Etat. C’est inacceptable car c’est faux.»
«Si aujourd’hui, on parle de haut débit à Grassac ou à Bunzac, c’est parce que le Département a jugé que cette compétence facultative de notre collectivité est essentielle, s’est enflammé Michel Boutant, avec sa casquette de président du conseil général. Si demain, notre destin n’est plus entre nos mains, on est foutu.»
Dans la salle, quelques maires ont aussi pris la parole pour dire tout le mal qu’ils pensent du dispositif: «C’est une réforme anti-rurale», selon Patrick Borie, le premier magistrat de Marthon. «Elle va assécher notre collectivité», dit Rémy Merle, son homologue de Coulgens, pestant au passage contre Nicolas Sarkozy «l’excité d’en haut qui montre du doigt l’élu d’en bas». Michel Delage, le maire de Feuillade, a choisi le ton de la plaisanterie. A propos d’une disposition de la réforme qui donnera davantage de pouvoirs aux préfets aux dépens des élus de proximité, il imagine une relation entre les autorités et les administrés déshumanisés. «Aujourd’hui, quand vous avez un problème vous appelez votre maire, chez lui, en pleine nuit. Demain, vous joindrez la préfecture et tomberez sur une boîte vocale: « Pour un chien écrasé, tapez 1. Pour une route défoncée, tapez 2. Pour une voiture dans le fossé, tapez 3.»
(1) Les sénateurs ont mené une dizaine de débats avec les élus locaux de Saint-Amant-de-Boixe à Montbron en passant par Ruffec, Barbezieux et Angoulême. Un dernier débat doit encore avoir lieu avec les responsables associatifs, fin janvier ou début février, à La Couronne.
Auteur : Stéphane Urbajtel
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