Les travaux de la mission commune d’information sur les pesticides se poursuivent
[ Tribune libre de Nicole Bonnefoy du 31/05/12 ]
Les travaux de la mission commune d’information sur les pesticides se poursuivent
Depuis trois mois, la mission commune d’information sénatoriale sur les pesticides, dont je suis le rapporteur, s’est mise au travail en se réunissant chaque semaine pour mener des auditions et réaliser des déplacements à travers la France.
Comme vous le savez, je suis à l’origine de cette mission et c’est à ma demande que le le bureau du Sénat a annoncé sa création en janvier dernier. Dans un premier temps, au vu de l’ampleur du sujet, j’ai souhaité que nos travaux se concentrent sur les pesticides et la santé dans la chaine professionnelle : des industries chimiques aux agriculteurs, en passant par les jardiniers occasionnels. Notre objectif est de rendre un premier rapport à la rentrée prochaine dans lequel nous formulerons des propositions, notamment sur la nécessité de reconnaissance des maladies professionnelles de certains agriculteurs.
A travers cet article, je souhaitais donc vous présenter la méthode de travail que nous avons retenue pour mener à bien cette mission.
Dans un premier temps, nous avons souhaité profiter de la suspension des travaux parlementaires de mars à juin, pour procéder à de nombreuses auditions tous les mardis après-midi au Sénat. Par ce système, nous pouvons ainsi rencontrer de très nombreux acteurs concernés par nos réflexions : agriculteurs, associations, ministères, professionnels de l’industrie chimique, scientifique, représentants de la société civile etc. A terme, nous aurons mené pas moins de 60 auditions !
Par ailleurs, il nous a semblé important d’effectuer des déplacements à travers la France dans des régions représentatives des différentes filières agricoles. A ma demande, nous nous sommes ainsi rendus en Charente le 4 avril dernier. Lors de ce déplacement, nous avons rencontré les membres de l’association Phytovictimes et visité des exploitations agricoles à Bernac et Villefagnan, avant de nous rendre à Saint-Groux. La mission s’est également entretenue avec le GIE « La ferme de Chassagne » regroupant des fermes charentaises qui se sont engagées dans le 100% bio.
Le 23 mai, nous nous sommes rendus dans le Lot-et-Garonne afin de rencontrer des producteurs et des entreprises de fruits et légumes. La mission projette d’effectuer un ou deux déplacements supplémentaires.
Finalement, j’ai jugé crucial que cette mission soit vivante et réactive. C’est pourquoi, alertée au sujet d’une lettre du 5 mars 2012 émanant de la direction générale du ministère de l’agriculture traitant des dérogations au principe général d’interdiction de l’épandage de pesticides par aéronefs, la mission d’information sénatoriale a demandé expressément à auditionner le ministère de l’agriculture et l’Anses. Ce fut chose faite lors d’une table ronde le 12 avril dernier. Lors de cette rencontre, j’ai rappelé fermement, à l’instar des autres membres de la mission, la nécessité d’encadrer strictement l’épandage de pesticides par aéronef afin de préserver notre santé et notre environnement. Notre démarche n’a pas été inutile car cette lettre n’a pour l’heure donné aucune suite.
Vous constaterez donc que la mission d’information est pleinement mobilisée et se donne les moyens d’atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés. Pour l’heure, je suis très satisfaite du déroulement des opérations. Je ne veux pas que nos travaux débouchent sur un énième rapport qui terminera sa vie sur une étagère. Je souhaite réellement que nous prenions part aux réflexions nécessaires et que nous formulions des propositions concrètes, pour promouvoir un autre modèle agricole qui soit respectueux des hommes et de l’environnement.