«Les pesticides, c’est pas automatique» : La sénatrice Nicole Bonnefoy a ouvert le débat
[ Article Charente Libre du 07/12/12 ]
«Les pesticides, c’est pas automatique» : La sénatrice Nicole Bonnefoy a ouvert le débat
Nicole Bonnefoy a ouvert le débat sur les pesticides hier à la chambre d’agriculture où elle a remis son rapport sénatorial.
La sénatrice Nicole Bonnefoy avait promis qu’elle ne laisserait pas son rapport sur les pesticides moisir sur une étagère. Elle tient parole et ne lâche guère son bâton de pèlerin. Hier, à la chambre d’agriculture, elle a remis symboliquement le fruit du travail de son équipe à Paul François, l’agriculteur charentais intoxiqué au Lasso et président de l’association Phyto-victimes, et à Jacky Ferrand, le père du viticulteur de Gondeville mort d’un cancer. Elle a ensuite laissé le débat s’installer entre les divers représentants du monde agricole présents dans la salle.
Les participants se sont tous accordés à reconnaître que les agriculteurs ont fait beaucoup d’efforts ces dernières années pour réduire leurs apports en phytosanitaires. «Mais 20% d’entre eux ne se protègent pas pour manipuler ces produits», a noté Paul François, reçu la veille par Stéphane Le Foll au ministère de l’Agriculture pour aborder ce sujet.
Alain Lebret, le président de la chambre, a reconnu que si la prise de conscience était incontestable, elle avait parfois été tardive. Pour lui, il faut avancer, mais garder à l’esprit la «notion de compromis pour conserver une certaine productivité». Nicole Bonnefoy, qui a au passage glissé qu’elle n’aurait pas trop d’un deuxième mandat de sénatrice pour faire avancer au mieux ce dossier, a affirmé: «L’économie doit se mettre au service de la santé, pas le contraire.» Ce qui a fait réagir Serge Bricq, membre de la chambre d’agriculture et adhérent de la FNSEA, mécontent de voir ainsi l’agriculture pointée du doigt alors qu’elle a un effet positif dans l’économie.
«Il faut que le monde de l’agriculture sorte de l’omerta et parle»
Les problèmes de santé? «La durée de vie des agriculteurs est meilleure que celle de bien d’autres professions. Par contre, on parle peu des cas de suicides», a-t-il argumenté. Il a mis en avant les problèmes de financement qui ne manqueraient pas de se poser pour «passer à d’autres pratiques». Car la liste de recommandations du rapport sénatorial est longue, de l’amélioration du système d’autorisation de mise sur le marché des pesticides à la collecte des informations sur les incidents, en passant par les changements de conditionnement des produits, la fin de l’épandage aérien, etc.
«Les pesticides, a lancé Nicole Bonnefoy, c’est comme les antibiotiques, c’est pas automatique.» François Lucas, de la Coordination rurale, a évoqué la forte pression qui pèse sur les épaules des agriculteurs sommés d’être toujours plus compétitifs: «C’est un discours de cirque, de gladiateurs, où tous les coups sont permis.» Jacky Ferrant a insisté devant la trop grande discrétion des agriculteurs face à la maladie: «Il faut que le monde de l’agriculture sorte de l’omerta et parle.» […] Article Charente Libre