Charente : Les pesticides à la loupe
[ Article Sud Ouest du 05/04/12 ]
Charente : Les pesticides à la loupe
La mission d’information présidée par Nicole Bonnefoy était hier en Charente.
«Le Parlement sert à deux choses, légiférer et contrôler. Nous sommes ici pour contrôler », présente Nicole Bonnefoy. La sénatrice de la Charente accueillait hier sur son territoire la mission sénatoriale d’information sur les pesticides et la santé pour laquelle elle est rapporteur.
Constituée en février, cette mission a pour objectif de « cerner l’impact sur la santé des utilisateurs de pesticides, de leur fabrication à leur usage par les collectivités, les agriculteurs ou le jardinier du dimanche », selon la présidente de la mission, la sénatrice UMP Sophie Primas (Yvelines). À ses côtés, trois des 27 sénateurs de la mission étaient présents.
Hier, ils ont rencontré les membres de l’association Phyto-Victimes et son président, Paul François, le céréalier de Bernac engagé dans un combat judiciaire contre Monsanto. Ils ont également entendu le président d’une association de particuliers victime des pesticides (ALLASSAC – Oeuvrons pour la Nature et les Générations Futures), des membres de la coopérative Corea Poitou-Charentes, des agriculteurs bio de La Ferme de Chassagne. Ils ont enfin été accueillis par le maire de Saint-Groux, Gérard Bouchaud, et des élus et techniciens du Pays du Ruffécois afin d’évoquer la réduction des pesticides dans les collectivités territoriales.
Sa directrice, Mélanie Morreau, a souligné la difficulté de mettre en place des plans de formation, mais également son indispensable nécessité. « Quand ils sont utilisés correctement, leur consommation diminue de 30 à 40 %. » Puis, ils ont exposé leur projet de sensibilisation du pays à la réduction de pesticides dans leur collectivité et pour le grand public. « Lors de nos auditions, on entend des gens qui sont convaincus qu’on peut se passer de pesticides. C’est important d’aller à la rencontre de ceux qui font sans et de voir comment ça marche », estime le sénateur écologiste du Morbihan, Joël Labbé.
Visite d’un fabricant
Après cette venue en Charente, la mission d’information poursuivra ses auditions à Paris et se rendra dans le Morbihan, le Lot-et-Garonne et la Corrèze, d’où sont originaires certains membres. Ils visiteront également un fabricant des pesticides. Aucune porte ne peut leur être fermée.
La mission, qui se réunit toutes les semaines, rendra son rapport dans six mois. « Le sujet est très sensible. Le but n’est pas de stigmatiser tel ou tel camp, mais de faire des recommandations d’action et qu’elles soient à l’origine de propositions ou de projets de loi », explique Sophie Primas. « Mais six mois, c’est court. Donc, après cette période, nous demanderons qu’elle soit prolongée de six autres mois afin d’évaluer les conséquences sur l’environnement et l’alimentation », poursuit Nicole Bonnefoy.
Si le fil conducteur de cette mission est les auditions, la mission n’est pas sourde à l’actualité. Ainsi, le 10 avril, toujours dans le cadre de ses auditions, la mission d’information réunira, au Sénat, une table ronde destinée à faire le point sur les dérogations pour les traitements de produits phytopharmaceutiques par voie aérienne pour la campagne 2012. « Nous nous sommes rendu compte que certaines dérogations étaient accordées par la préfecture alors que les produits à traiter ne sont pas dans la liste des dérogations possibles. Nous voulons faire le point sur ce sujet », explique Nicole Bonnefoy. […] Article Sud Ouest