Michel Harmand appelle les élus à bloquer la RN 10
[ Article Sud Ouest du 14/11/11 ]
Michel Harmand appelle les élus à bloquer la RN 10
Le maire et président de la Communauté de communes demande aux élus et à la population de manifester le 1er décembre. Il exige la construction d’un véritable échangeur.
Michel Harmand se dit excédé et prêt à tout pour se faire entendre. « Oui, j’ai appelé les élus et la population à bloquer la route nationale 10 le jeudi 1er décembre, vers 10 heures. Croyez-moi, nous serons nombreux. Notre manifestation ne passera pas inaperçue. Environ 20 000 véhicules passent ici chaque jour. Il y aura de sacrés bouchons », prévient le maire de Mansle et président de la Communauté de communes du Pays manslois.
Les raisons d’une telle colère ? M. Harmand exige la construction d’un véritable échangeur à l’entrée Sud de la ville… Un échangeur qui puisse gérer tous les flux entre la RN 10 et la départementale 739 (la route de Saint-Claud).
Le problème des camions
« Des travaux sont bien programmés, dit-il, mais l’équipement n’est pas complet. Il y aura seulement deux bretelles : l’une pour les véhicules venant d’Angoulême ; l’autre pour les véhicules y allant. En revanche, rien n’est prévu pour le trafic venant de Poitiers et vers Poitiers. C’est scandaleux ! Cet échangeur au rabais va diriger dans le centre-bourg de Mansle de nombreux poids lourds qui veulent emprunter la D 739. »
Et M. Harmand d’ajouter que la présence de nombreuses carrières d’extraction de calcaire dans le secteur et l’installation d’une base logistique du chantier de la LGV (ligne à grande vitesse) à Villognon va accélérer la ronde infernale des camions.
À Mansle, cette histoire d’échangeur est une affaire ancienne : on en parle depuis la construction de la déviation, en 1974 ! M. Harmand, qui fut élu maire en 1983, dit avoir remué ciel et terre pour faire avancer le dossier. Il est intervenu auprès de MM. Raffarin, Perben et Bussereau. En vain. Plus récemment, il a écrit à Nathalie Kosciusko-Morizet et à Nicolas Sarkozy.
Pas assez d’argent
Le 10 octobre, la réponse de la directrice de cabinet de la ministre de l’Écologie et des Transports fut sans appel : il est impossible de financer la construction des deux bretelles. Il y a trop d’enjeux environnementaux, trop de contraintes budgétaires…
« Certes, mais ces bretelles ne coûtent, selon mes estimations, que 600 000 €. C’est une somme dérisoire au regard des investissements inscrits au Plan de modernisation des itinéraires (PDMI) », rétorque aujourd’hui M. Harmand.
Oui mais voilà… Ce fameux PDMI n’est pas extensible. Entre 2009 et 2014, l’État engagera 232 millions d’euros dans la région Poitou-Charentes, dont un peu plus de 181 millions pour la seule Charente, ce qui est exceptionnel dans un contexte budgétaire tendu, mais pas suffisant pour répondre à toutes les demandes. Il est vrai que la liste des chantiers inscrits au PDMI donne le vertige : déviations de Chabanais et de La Rochefoucauld, mise à deux fois deux voies des portions Pétignac-Barbezieux et Reignac-Chevanceaux, fin de l’aménagement des Chauvauds et travaux de sécurisation des carrefours dangereux (encore appelés carrefours plans) entre Tourriers et Mansle.
C’est dans le cadre de ce chantier entre Mansle et Tourriers que s’inscrit la construction du demi-échangeur de Mansle. Sont également prévus le traitement des intersections de la RN 10 avec le CD 116 (la route de Maine-de-Boixe) et le CD 40 (la route de Coulgens). Ces travaux (notamment la construction d’un pont) seront financés par des crédits du dernier contrat de plan État-Région encore non consommés (4 M€) et par ceux inscrits au PDMI (1,75 M€).
Mme Bonnefoy pas d’accord
« Il n’a jamais été question que l’échangeur de Mansle soit un échangeur complet. On peut le regretter, mais c’est ainsi. Ça, Michel Harmand, qui connaît tous les détails du PDMI, ne peut le nier. Il menace de bloquer la RN 10, mais il aurait dû le faire depuis bien longtemps ! Aujourd’hui, cela ne sert à rien de hurler ainsi », nuance la sénatrice Nicole Bonnefoy, par ailleurs conseillère générale de Mansle.
Mme Bonnefoy ne manifestera pas le 1er décembre. Elle aussi se bat pour de meilleurs aménagements routiers, mais privilégie une autre stratégie. « Michel Boutant, Patrick Berthault et moi travaillons avec les services de l’État, mais aussi avec Lisea et Cosea, le concessionnaire et le constructeur de la future LGV. Il y a des pistes à explorer, notamment à l’échangeur de Maine-de-Boixe, où nous aimerions qu’une bretelle provisoire puisse devenir définitive […]. Moi, je préfère aller au fond des dossiers plutôt que de rouler du tambour ! »
Pour conclure, on rappellera que le 16 janvier 2009, les élus charentais ceints de leurs écharpes tricolores avaient déjà bloqué la RN 10. Mais ils avaient manifesté dans l’unité, toutes familles politiques confondues. […] Article Sud Ouest