Nicole Bonnefoy contre les frelons asiatiques
20/12/11 | Article Sud Ouest
Nicole Bonnefoy contre les frelons asiatiques
La sénatrice a déposé une proposition de loi pour créer un fonds de prévention pour éradiquer ces insectes.
La présence du frelon asiatique sur le sol français est-elle un fléau écologique et un danger de sécurité publique ? À ces deux questions Nicole Bonnefoy répond « oui », sans hésiter. Preuve de cette prise de conscience, la sénatrice de la Charente et conseillère générale du canton de Mansle a déposé, le 25 novembre, une proposition de loi visant à créer un fonds de prévention contre la prolifération du frelon asiatique.
Identifié pour la première fois en France en 2005 (Lot-et-Garonne), « cet insecte est aujourd’hui présent dans plus de 50 % des départements », indique Nicole Bonnefoy. Et la bestiole n’est pas venue des lointaines contrées asiatiques en arborant un badge « Peace and love ». Le frelon asiatique est un très dangereux prédateur pour les abeilles, qui, déjà décimées par certains pesticides, n’avaient pas besoin de cela. Les frelons les attaquent en vol et les dévorent. « Cela a bien évidemment des conséquences pour les apiculteurs, mais aussi pour notre biodiversité », poursuit la sénatrice.
Mais, la population a eu, elle aussi, à souffrir d’attaques de frelons asiatiques. « En Charente, une petite fille a été piquée une trentaine de fois. Un petit garçon avait également été attaqué par des frelons qui se trouvaient à l’intérieur d’un jeu dans un parc. Le problème, c’est qu’il s’agit d’un insecte colonisateur. Il commence par construire un nid très haut, puis descend petit à petit. »
Le gouvernement muet
De toutes parts, des voix s’élèvent pour dénoncer la dangerosité de cet animal. Mais aucun dispositif de lutte n’a été élaboré. Nicole Bonnefoy a déjà essayé d’interpeller le gouvernement, en vain. « Je ne suis pas la seule. Je sais que mes collègues UMP de Charente-Maritime ont fait de même. » Sans plus de succès. « On sait seulement qu’une étude scientifique devait rendre un rapport. Mais nous ne voyons rien venir », regrette-t-elle.
Sa dernière tentative de question orale au gouvernement, en novembre, a été repoussée au mois de janvier. « Je ne sais pas qui répondra. J’espère que ce sera Nathalie Kosciusko-Morizet (ministre de l’Écologie, NDLR). »
Une taxe sur les pesticides
Lasse d’attendre, Nicole Bonnefoy a donc décidé de déposer un projet de loi. « Pour essayer de faire du buzz, montrer qu’il s’agit vraiment d’un problème. » L’idée est d’organiser la chasse au frelon asiatique d’une manière rationnelle et efficace. Car, aujourd’hui, il existe autant de modes de traitement que de situations. « Si l’on est sur le domaine public, les pompiers interviennent. Sur le privé, ce sont des sociétés spécialisées qui appliquent des prix prohibitifs. Cela va de 100 à 1 500 € », souligne la sénatrice. Sans compter ceux qui tentent de régler le problème seuls. « Ils risquent de chuter s’ils montent dans un arbre, de se faire piquer. Certains tirent même sur les nids. C’est vraiment n’importe quoi ! »
À travers sa loi, Nicole Bonnefoy veut « donner à la Sécurité civile les moyens d’intervenir ». Le fonds de prévention serait alimenté par une taxe sur les pesticides (0, 5 % du produit des ventes). Mais comment seront attribués les financements ? « Ce sera à un décret d’application de définir les modalités. » Nicole Bonnefoy prévoit néanmoins la mise en place d’une cellule de veille dans les départements. Elle rassemblerait, sur l’autorité du président du Conseil général et du préfet, les représentants du service de l’État, des collectivités locales et les représentants des apiculteurs professionnels et amateurs. Elle aurait pour mission de coordonner la lutte contre les frelons.
La sénatrice se fait, cependant, peu d’illusions sur les chances de voir sa proposition étudiée par les deux chambres lors de la prochaine session parlementaire. « Elle sera courte, en raison de l’élection présidentielle. Elle se terminera fin février. Je serai effectivement étonnée que ma proposition puisse être examinée. » L’idée est néanmoins lancée. […] Article Sud Ouest