Le Sénat se prépare à un affrontement sévère sur le statut de la poste
Dépèche AFP du 31/10/2009 ♦ Auteur: Suzette Bloch
Prélude à la privatisation ou modernisation indispensable de La Poste: opposition, syndicats et majorité affûtent ce week-end leurs armes en vue de la rude bataille qui va les opposer à partir de lundi au Sénat sur la réforme du statut.
« On va leur pourrir la semaine », proclamait-on au groupe socialiste. « On sera nuit et jour dans les tribunes pour faire une lecture critique de chaque amendement », avertissait le représentant du Comité national contre la privatisation de la Poste (CNPP), Nicolas Galepides.
« Nous sommes sereins, le groupe est mobilisé et très consensuel », relativisait-on au groupe UMP.
Après de nombreux mois de controverse, le projet de loi « relatif à l’entreprise publique La Poste et aux activité postales » arrive en séance lundi après-midi au Sénat.
Le texte comporte deux volets. L’un transpose la directive européenne sur l’ouverture totale à la concurrence du secteur postal en 2011. L’autre transforme La Poste actuellement établissement public industriel et commercial en société anonyme à capitaux public dès début 2010.
Ce changement de statut permettra un apport en fonds propres de 2,7 milliards d’euros (1,2 milliard à la charge de l’Etat, 1,5 milliard venant de la Caisse des dépôts).
Pour le gouvernement, il s’agit de « moderniser » et « d’adapter » La Poste à l’ouverture de la concurrence. Pour les syndicats et la gauche, c’est la porte ouverte à une future privatisation, après France Telecom privatisée malgré les engagements du président de la République.
Le succès de la « votation citoyenne » du 3 octobre a compliqué la tâche du gouvernement. Selon le CNPP (qui regroupe une soixantaine d’organisations, partis, syndicats et associations de gauche), plus de 2 millions de Français dans 90 départements ont voté, 90 % se déclarant « opposés » à « toute privatisation ».
La gauche sénatoriale entendant capitaliser ce succès va mener un combat sous le signe de l’unité pour « empêcher tout changement de statut ». Vendredi elle avait déposé plus de 620 amendements sur les 26 articles. Elle défendra trois motions de procédures ainsi qu’une « motion référendaire » visant à soumettre le texte à référendum.
« Nous allons multiplier les prises de paroles, nous avons sonné la mobilisation générale pour faire durer le débat le plus longtemps possible et mettre la droite en minorité », expliquait-on à gauche.
La motion référendaire, selon le PS, devrait être déposée mardi après-midi. Lors du dépôt chaque signataire (au moins 30) doit être présent dans l’hémicycle et il est procédé à un appel nominatif. L’examen de la motion a lieu seulement le lendemain, risquant de retarder d’autant les débats.
« La Poste, c’est le service public de proximité, il ne faut pas y toucher », expliquent en choeur les sénateurs de gauche.
« Ce n’est pas une privatisation, l’Etat injecte des capitaux pour préserver l’entreprise publique. Le groupe est consensuel, tout va bien », réplique-t-on au groupe UMP briefé mardi en réunion par Christian Estrosi (Industrie).
Le Premier ministre François Fillon a écrit à tous les maires pour leur assurer que la transformation de La Poste était le « contraire d’une privatisation ».
Il pourra compter sur les centristes. « Nous voterons ce texte puisqu’il n’y a pas privatisation », a indiqué Jean Arthuis (Union Centriste).
La bataille sera également dans le jardin du Luxembourg avec notamment le lundi un pic-nique et un « happy-hour » organisés par le CNPP avec des personnalités de gauche et du spectacle.
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