La Poste : un comportement idéologique de la droite

11 novembre 2009 | Non classé

Article Le Monde du 11/11/09 ♦ Propos recueillis par : Patrick Roger

La PosteLe projet de loi sur le changement de statut de La Poste a été adopté, lundi 9 novembre au Sénat, après huit jours de « résistance » de la gauche. Il sera examiné à partir du 15 décembre à l’Assemblée nationale. Cinq syndicats – CGT, SUD, CFDT, FO, CFTC – appellent les postiers à la grève le 24 novembre pour s’opposer au projet de loi. Jean-Pierre Bel, président du groupe socialiste du Sénat, dénonce « un comportement idéologique de la droite ».

 

Quel bilan tirez-vous du débat sur La Poste au Sénat ?

Tout d’abord, la gauche a été rassemblée : nous nous sommes tous mobilisés pour demander un référendum sur La Poste, nous sommes restés unis pour mener cette bataille. C’est un élément positif. En face, nous avons eu affaire à un comportement idéologique de la droite, méprisant vis-à-vis de l’opposition.

N’espériez-vous pas ébranler davantage la majorité ?

Très sincèrement, jamais je n’ai imaginé que puissent apparaître des fissures au sein de la majorité sur un texte comme La Poste, même si quelques centristes assez isolés, proches de François Bayrou, nous ont rejoints quelquefois. Il y avait un consensus à droite pour considérer que les garanties apportées par le gouvernement étaient suffisantes.

La mobilisation engagée autour de la « votation citoyenne » n’est-elle pas retombée au moment de la discussion au Parlement ?

La réussite de la votation citoyenne, portée par des syndicats, des associations et l’ensemble des partis de gauche, a été remarquable : arriver à faire voter près de 2,5 millions de personnes, c’était un vrai succès. Après, le relais a été passé aux parlementaires. C’était peut-être se faire des illusions que d’imaginer qu’on allait siéger au Sénat dans un même élan de mobilisation.

Sur d’autres textes comme la taxe professionnelle ou la réforme territoriale, les fissures à droite peuvent-elles être plus marquées ?

Je m’interroge sur la détermination de ceux qui ont su faire entendre une voix différente de celle du gouvernement. Il est vrai que, notamment au Sénat, ils sont très dépendants de leurs territoires et de ceux qui les ont portés ici. Sur la taxe professionnelle et sur la réforme territoriale, Jean-Pierre Raffarin et Gérard Larcher ressentent, peut-être plus que d’autres, ce qui émane de leur base électorale. Il y a un vrai désarroi sur ces questions, qui a conduit à l’amorce de structuration d’une opposition à Sarkozy.

Jusqu’où peut-elle aller ?

Je ne suis pas persuadé que cela aille jusqu’au moment du vote. Les pressions vont s’accroître. Nous savons à quel point il peut être difficile pour un parlementaire de la majorité de s’opposer à Sarkozy. La droite sénatoriale peut parfois, lorsque ça ne porte pas sur l’essentiel, marquer sa différence, mais elle n’a jamais fait défaut dans les moments importants.

Qu’en est-il des changements annoncés par M. Larcher au Sénat ?

Rien, aujourd’hui, ni dans le fonctionnement du Sénat ni dans ses prises de position sur les grands enjeux politiques, n’apporte la démonstration d’une différence par rapport à la période précédente. Lorsque Gérard Larcher dit que les droits de l’opposition au Sénat sont renforcés, nous nous inscrivons en faux. Toutes les commissions sont présidées par la majorité et même les deux nouvelles délégations mises en place ont été dévolues à l’UMP. Quant à l’ordre du jour partagé, cela relève plus de la mise en scène que d’un vrai débat parlementaire. On nous laisse nous exprimer, mais le mode de scrutin fait que, même majoritaires dans l’Hémicycle, nous sommes minoritaires à la sortie des urnes. Je n’arrive pas à voir où sont les avancées.

À suivre:

> Lire le dossier : Défense du service public postal

Revue de presse:

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