LGV en Charente : Un ministre se transporte sur le chantier du siècle
[ Article Charente Libre du 05/02/13 ]
LGV en Charente : Un ministre se transporte sur le chantier du siècle
Le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, était hier en Charente pour la visite du plus gros chantier ferroviaire d’Europe. L’année 2013 va connaître un pic d’activité. Et des retombées locales.
Le voussoir s’élève lentement sous le regard du ministre délégué aux Transports et vient se poser avec une précision millimétrique sur l’engin qui le transportera jusqu’au futur viaduc de la Boëme. C’est une première très grosse pierre de 65 tonnes que Frédéric Cuvillier a pu poser hier à la base de vie de Roullet sur le chantier de la LGV, une pierre bien à l’image de ce chantier démesuré, le plus gros d’Europe.
La visite ministérielle s’est faite en Charente où les premiers voussoirs de la ligne, ces piliers de béton préfabriqués dans la Vienne, sont en cours de pose. Frédéric Cuvillier a plaisanté devant le peu de temps qui lui restait avant de reprendre son train – «Vivement le train plus rapide qui nous permettra de rester plus longtemps ensemble» – et salué l’énorme «défi» que représente l’entreprise qui consiste à mettre Angoulême à 30 minutes de Bordeaux et à 1h30 de Paris.
Devant quelques maires qui continuent de réclamer une subvention pérenne, versée chaque année, plutôt que le fonds de solidarité territoriale, il a affirmé: «L’adhésion finit toujours par l’emporter.» Hervé Tricot, le président de Lisea, a fait un rapide retour sur le passé: «En juin 2011, Réseau ferré de France [RFF] a choisi Lisea comme concessionnaire de la ligne Tours-Bordeaux. Nous sommes fiers de vous accueillir un an et demi plus tard sur ce chantier en pleine activité.»
Année clé pour le chantier
Une activité dont les retombées pour le département et la région ont été mises en lumière par quelques chiffres, alors que s’amorce la première année pleine des travaux. «95 millions d’euros ont été ou vont être sous-traités à des entreprises charentaises», a souligné Xavier Neuschwander, le président de Cosea, le constructeur de la ligne. 413 Charentais travaillent actuellement sur le chantier, sur les 5 800 personnes qui s’affairent sur l’ensemble du trajet. Au printemps, ce chiffre culminera à 6 500.
Le président a salué un succès: «90% des embauches locales sont des réussites quand la proportion courante est de 10%», une façon de saluer l’effort de formation qui concerne un millier de personnes au total. La Charente à elle seule compte, sur ses 98 km de ligne, 158 ouvrages d’art. 62 sont déjà commencés, dont l’estacade de La Couronne et les 5 viaducs, ceux de la Charente nord, médiane et sud, ainsi que celui de Claix et celui de la Boëme, qui attirait hier tous les regards. Cet ouvrage, long de 450 mètres, haut de 23 mètres, devrait être achevé en décembre prochain après un an et demi de travaux. Depuis quelques jours, la construction du tablier a commencé avec la pose des voussoirs. Il y en aura 180 à cet endroit, qui permettront au TGV de franchir la Boëme avec un minimum de perturbations pour la faune et la flore locales. Xavier Neuschwander a reconnu un retard sur le planning, en raison justement de fortes contraintes environnementales. «Nous traversons l’habitat de 220 espèces protégées», a-t-il compté. «Mais nous livrerons les 350 km de voies comme prévu le 30 juillet 2017 à des trains qui rouleront à 320km/h», affirme-t-il, expliquant que des marges de sécurité avaient été prises en prévoyant d’inévitables contretemps.
Michel Boutant, le président du conseil général, a gardé les pieds bien ancrés dans la terre charentaise, évoquant l’électrification de la ligne Angoulême-Cognac- Saintes-Royan, estimant que cette infrastructure était «essentielle pour le développement et l’avenir du département», tout en rêvant d’aller visiter une expo à Madrid, travailler à Paris ou à Bruxelles, et voir des amis à Cologne. Jacques Rapoport, le président de RFF, a insisté sur la nécessité de construire cette voie nouvelle, quand il entend que «certains l’opposent à la modernisation des lignes existantes». «Mais cette ligne va permettre de dégager d’importantes capacités sur les lignes traditionnelles, pour les TER et pour le trafic de marchandises. Et ça va nous permettre de mieux remplir l’ensemble de nos missions.» […] Article Charente Libre