Transport de marchandises : se donner les moyens d’une transition nécessaire – 40 propositions pour relever le défi de la transition écologique

25 mai 2021 | Actualités / Sénat

Alors que le transport (de voyageurs et de fret) est le secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre (31 %), le transport de marchandises demeure l’angle mort des politiques de mobilité. Pourtant, il est un levier stratégique de décarbonation.

Tel est le constat que j’ai formulé avec mon collègue Rémy Pointereau, tous deux rapporteurs de la mission d’information relative au transport de marchandises face aux impératifs environnementaux.

Le 19 mai dernier, nous avons présenté notre rapport et ses conclusions à la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat, après 5 mois de travail, 35 organisations entendues, ainsi qu’une consultation en ligne qui a recueilli 2709 réponses.

Conscients du fait que la transition du transport de marchandises n’appelle pas une réponse unique mais doit s’appuyer sur plusieurs leviers, nous avons formulé 40 recommandations structurées en 4 axes :

1. Massifier le transport de marchandises, pour tirer le meilleur parti de chaque mode de transport sans les opposer.
Les modes ferroviaire et fluvial peinent à se développer : les parts modales du fer et du fleuve s’élèvent respectivement à 2 et 9% (soit deux fois moins que les moyenne européennes). Ils présentent pourtant de nombreux atouts : 1 train = 40 poids lourds et 9X moins de Co2 – 1 barge = 125 poids lourds et 5X moins de Co2

2. Réduire les nuisances liées au transport routier de marchandises en renforçant l’information des acteurs locaux et en les dotant d’outils nouveaux.
La majorité du trafic des poids lourds est réalisée sur le réseau autoroutier. Néanmoins certains camions contournent des sections d’autoroutes à péages et créent d’importantes nuisances sur des routes nationales ou départementales (pollution de l’air, congestion, dégradation de la voirie, insécurité routière…)

3. Surmonter les divergences et les incertitudes relatives à la décarbonation du transport routier de marchandises, étant entendu que, même en cas de doublement des parts modales des modes massifiés, le mode routier est la pierre angulaire de toute politique de décarbonation du transport de marchandises.
La route est à la fois le principal problème et la principale solution. Dans l’hypothèse d’un doublement des parts modales du fer et du fleuve, la route conserverait une part modale de près de 75%

4. Réinventer le transport urbain de marchandises et sensibiliser les consommateurs du e-commerce à l’impact environnemental de leur livraison.
La logistique urbaine est un secteur en pleine expansion : elle représente aujourd’hui 20% du trafic de fret. La France est le pays européen comptant le plus de véhicules utilitaires légers (VUL) avec 6,2 millions de véhicules responsables de 19% des émissions de gaz à effet de serre. Le commerce en ligne connaît un essor important depuis 10 ans (il représente aujourd’hui 13% du commerce de détail en France) et a joué un rôle majeur pendant la crise sanitaire. 4 millions de colis sont livrés chaque jour en France. Les livraisons génèrent des externalités environnementales non négligeables. La pratique de la « livraison gratuite » dévalorise l’acte de livraison qui a pourtant un coût. 

L’examen du projet de loi « Climat et résilience » qui aura lieu au Sénat en juin prochain, sera l’occasion pour nous, de traduire par voie d’amendements certaines des 40 recommandations de notre rapport.