Regard sur la stratégie vaccinale face à la pandémie de Covid-19

Tribune libre de Nicole BONNEFOY

Regard sur la stratégie vaccinale face à la pandémie de Covid-19

Depuis Pasteur, la vaccination a permis d’éradiquer nombre de maladie en France et dans le monde comme la poliomyélite, la diphtérie et la variole. Aujourd’hui, dans la lutte contre la pandémie de Covid-19, le vaccin reste notre meilleure arme contre le virus. Cet outil est inestimable car il apporte une protection individuelle et collective.

Cependant, sur 67 millions d’habitants en France, seulement 2 353 350 personnes ont été vaccinées après huit semaines de campagne vaccinale[1] (chiffres au 9 février 2021). Parallèlement, en Allemagne, pays durement touché par la Covid-19 en 2020, 30 % de personnes en plus ont été vaccinées (3 370 000[2]). Ces chiffres interrogent notre stratégie vaccinale. Ils soulignent le manque d’anticipation des autorités publiques de santé et illustrent la lenteur assumée par le Ministre de la Santé.

Rappelons qu’en novembre 2020 l’objectif du gouvernement était d’octroyer le vaccin aux 15 millions de personnes les plus vulnérables d’ici mars 2021. Nous en sommes encore loin. De plus, le flou persiste, car le calendrier de vaccination du reste de la population n’a pas encore été arrêté. Alors que de nouveaux variants du virus se diffusent sur notre territoire, il est nécessaire d’accélérer la cadence de vaccination.

Par ailleurs, le 4 février dernier, j’ai déposé une question écrite au Ministre de la Santé au sujet de la rupture de stock de vaccin anti-covid et du manque de centres de vaccination en Charente. (Vous trouverez l’intégral de la question en suivant le lien ci-après).

Devant l’ampleur de la pandémie ainsi que les crises sociales et économiques qu’elle engendre, le gouvernement se doit d’organiser une mobilisation générale, en association avec les élus locaux, en déployant des centres de vaccination partout dans les territoires.

Par ailleurs, cette stratégie vaccinale bancale est dans la droite ligne de la gestion de cette crise sanitaire. La commission d’enquête sénatoriale convoquée sur le sujet a rendu les conclusions de ses travaux le 8 décembre dernier. Elle met en lumière les dysfonctionnements de la gouvernance de cette crise.

Elle constate le manque de préparation des services de santé publique concernant les niveaux de stocks stratégiques de masques. À titre d’exemple, entre 2011 et 2016, les stocks stratégiques de masques FFP2 sont passés de 700 millions d’unités à seulement 700 000, soit une baisse de 99,9 %. De plus, plusieurs responsables administratifs ont nié toute pénurie d’équipements de protection individuelle y compris pour les soignants. Si la Ministre de la santé n’était pas initialement prévenue des niveaux de stocks stratégiques, des documents étudiés par la commission attestent que cette situation était connue du Gouvernement depuis – au moins – le 13 mars 2020, contrastant avec un discours exagérément optimiste, en décalage avec le ressenti des acteurs de terrain.

La commission évoque également un défaut de constance dans la stratégie de lutte contre l’épidémie ainsi qu’une communication inadaptée à l’attention des Français.

Devant les conséquences sociales et économiques de cette pandémie, il est urgent que nous sortions de cette crise sanitaire en accélérant la vaccination.

[1] Site du Ministère de la Santé et des solidarités 

[2] Statistiques mondiales des vaccinations recueillant les données de l’ensemble des ministères de la Santé, et mis à jour quotidiennement