La cimenterie a 80 ans
[ Article Sud Ouest du 01/09/11 ]
La cimenterie a 80 ans
Le 19 février 1931, la société Lafarge s’installait en Charente. Elle fête ce soir les 80 ans de son usine.
Le destin est parfois fantasque. En ce jour de 1928, M. Fontanarava prend le train numéro 461 à Bordeaux. L’homme est salarié de la Société anonyme des chaux et ciments de Lafarge et du Teil. Son travail consiste à trouver de nouvelles carrières de calcaire et d’argile – les matières premières nécessaires à la fabrication du ciment.
Ce jour-là, M. Fontanarava se dirige donc vers Paris. En milieu d’après-midi, le train tombe en panne, du côté de La Couronne, dans la zone dite du Ménadeau. Miracle ! M. Fontanarava observe le sol, enthousiaste, et en prélève quelques échantillons. Le destin de la cimenterie de La Couronne est scellé.
Une « fête de famille »
Aujourd’hui, l’usine charentaise constitue l’un des dix sites français de production de la société Lafarge Ciments, filiale du géant Lafarge, numéro un mondial des matériaux de construction. Le groupe, présent dans 78 pays, pèse 16,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires et compte 76 000 collaborateurs.
À La Couronne, la cimenterie compte 120 salariés et produit près de 900 000 tonnes annuelles, dans un contexte désormais apaisé. En décembre 2010, après bien des débats, le préfet Millon a autorisé Lafarge à approfondir de 36 mètres la carrière attenante à l’usine. L’exploitation – qui était un temps menacée – est garantie pour quinze ans. Lafarge tourne une page et peut souffler 80 bougies en toute sérénité, mais sans pour autant rouler des mécaniques.
La fête a lieu ce soir, au son du piano de Gérard Fauvin et à l’ombre des ruines de l’abbaye qui jouxte le site industriel. « Nous avons la prétention d’être une entreprise ouverte, responsable et intégrée à son environnement. Ce sera une simple fête de famille, avec les salariés, les retraités, les sous-traitants, nos partenaires et les élus », explique Jean-Pierre Curutchet, le directeur de la cimenterie.
26 photos géantes
Au programme : quelques discours, bien sûr, mais surtout le vernissage, dans les bâtiments conventuels de l’abbaye, d’une exposition sur l’histoire de l’usine (lire ci-dessous). Les panneaux (à voir jusqu’à la fin décembre) aborderont également l’attention que porte Lafarge au respect de l’environnement, avec des systèmes de filtration des poussières plus efficaces (les émissions ont été réduites par 100 entre 1960 et 1990). On y évoque aussi la création de la réserve naturelle des Séverins et la mise en valeur des anciennes carrières de Brousse-Marteau et de Champ-de-Martin.
Mais le véritable événement de ces festivités du 80e anniversaire de Lafarge se déclinera en couleurs, sur 26 grandes images accrochées sur les grilles de l’usine. Ces clichés de 120 sur 160 centimètres ont été réalisés par le photographe Jean-Daniel Guillou, qui, quinze jours durant, a partagé le quotidien des salariés de la cimenterie. « Il a su capter la petitesse de l’homme dans un environnement industriel. Il a montré l’homme au travail quand les techniciens que nous sommes ne regardent souvent que les machines et les procédures. Ces photos sont belles, tout simplement. Elles figureront en bonne place dans l’album et la mémoire de la société Lafarge », dit Jean-Pierre Curutchet. […] Article Sud Ouest
Quelques chiffres 16,2 – En milliards d’euros, le chiffre d’affaires du groupe Lafarge, présent dans 78 pays dans le monde. 120 – Le nombre d’emplois à la cimenterie de La Couronne. 850 – Le nombre d’emplois induits (transports, fournitures industrielles, etc.). 900 – En milliers de tonnes, la production annuelle de La Couronne. 50 – En millions d’euros, les investissements locaux de ces dix dernières années. |
Les dates d’une aventure industrielle 1928 – La Société anonyme des chaux et ciments de Lafarge et du Teil achète ses premières parcelles à La Couronne. L’acte notarié est signé chez Me Brissaud. 1929 – Début des travaux en novembre, malgré un hiver très pluvieux, sous la direction de M. Rouger, ingénieur en chef (dont le portrait ornera longtemps le hall d’entrée de l’usine). Parmi les ouvriers, de nombreux Italiens. 1931 – Le 19 février, inauguration officielle de la cimenterie, qui compte 105 salariés. Quatre jours plus tard, le premier wagon de ciment est livré à M. Martin, marchand de matériaux à Châtellerault. 1934 – La presse locale fait état de premières nuisances liées aux poussières. « Le Cri de la Charente » en appelle à des « mesures de salubrité publique ». 1938 – La production annuelle est d’environ 200 000 tonnes. Années 40 – La vie s’organise autour de l’usine, où une cité Lafarge a été construite. Durant l’Occupation, la production est réquisitionnée par les Allemands. L’un des deux fours est stoppé. L’usine ne tourne à plein régime que onze jours en 1941 et un mois en 1943. 1946 – En juillet, un record mensuel de livraison est atteint avec 18 000 tonnes. Un banquet est alors offert au personnel. 1955 – La production annuelle dépasse les 500 000 tonnes. 1956 – Le personnel est mensualisé et la participation instaurée. Des métiers disparaissent, comme celui de casseur de pierre, tandis que les opérateurs techniques sont de plus en plus nombreux. 1957 – La Société anonyme des chaux et ciments de Lafarge et du Teil devient Ciments Lafarge. 1976 – Avec les crises pétrolières, les coûts énergétiques s’envolent et Lafarge modernise son usine de La Couronne. Un nouveau four remplace les deux anciens. L’eau n’est plus utilisée dans le process industriel et la cimenterie se dote d’une salle de contrôle automatisée. 1997 – Le clinker (matériau de base du ciment) est stocké sous une grande bulle. 2002 – Nouveau refroidisseur. 2005 – La production frôle le million de tonnes. 2010 – Le 14 décembre, le préfet Jacques Millon autorise Lafarge à approfondir de 36 m la carrière de calcaire et d’argile attenante à l’usine. L’exploitation – un temps menacée – durera encore quinze ans. |
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