Du courant pour 13 000 foyers
[ Article Sud Ouest du 13/07/11 ]
Du courant pour 13 000 foyers
Sympathique inauguration, hier, des six éoliennes d’avant-garde implantées sur la commune.

A plus de 100 mètres au-dessus des collines de tournesol et de maïs, s’élèvent six éoliennes blanches. Au pied de l’une d’elle, hier, un Tivoli attirait l’œil. Une grosse centaine de personnes s’y pressait. Saint-Fraigne célébrait la mise en service de son parc éolien, effectif depuis le mois de mai. Ce sont les entreprises fières de ce projet, innovant technologiquement, qui voulaient une inauguration avec la population. Franck Bonnet, maire de Saint-Fraigne, qui fut à l’initiative du projet, en 2003, a eu l’idée de la jumeler avec la fête nationale.
Démarche rare
Cela a abouti à une cérémonie sympathique, au pied des géantes blanches et au milieu des champs, tandis que le buffet attendait dans le bosquet voisin. Pas de discours empesés, mais un rappel de l’histoire ce projet (1), à plusieurs voix : l’entreprise REE de La Rochelle, qui a développé le projet dès son origine, Renerco (Munich), codéveloppeur et propriétaire, Enercon, le fabricant des mâts en béton, une technique originale en France, et Franck Bonnet, pour la municipalité.
« En 2003, M. Bonnet nous avait contactés, ce qui est rare », a rappelé Michael Feldmann, gérant de REE. D’habitude, ce sont les entreprises qui démarchent les maires. « Le parc produit 28 000 mégawatts heure par an, ce qui équivaut à du courant pour 13 000 personnes, chauffage électrique compris. Ce sera ça en moins à produire avec des centrales classiques. Nous parlons là d’énergie de substitution. Et décentralisée, car ce courant est distribué localement. »
Tous les intervenants au micro, rejoints sur ce point par la sénatrice Nicole Bonnefoy, ont consacré quelques minutes à un plaidoyer appuyé pour les énergies renouvelables, et leur développement en France.
« Nous sommes très en retard », a souligné Nicole Bonnefoy, saluant la « volonté et la pugnacité » de Franck Bonnet sur ce dossier. Si le projet de parc éolien n’avait pas été retardé par un recours d’un riverain devant le tribunal administratif, pour des motifs paysagers, il aurait en effet été le premier en Charente.
« En Allemagne, les énergies renouvelables génèrent beaucoup d’emplois », a souligné de son côté Michael Feldmann.
Un projet comme celui de Saint-Fraigne a permis l’emploi de dix personnes en France, des emplois locaux, à long terme, a renchéri la représentante de la société Enercon. Et la décision d’utiliser à Saint-Fraigne des mâts en béton « nous a donné l’idée de construire une usine en France, dans l’Oise. Elle fonctionnera à partir de l’an prochain ».
Une hauteur de 108 mètres
Les mâts installés à Saint-Fraigne grimpent jusqu’à 108 mètres (dont 80 en béton et le reste en acier) pour « aller chercher le vent en hauteur. Il y est de meilleure qualité, plus régulier », expliquent Olivier Coupiac et Benjamin Casteleyn, de Renerco. Le choix du béton plutôt que l’acier, utilisé d’ordinaire, est lié à plusieurs facteurs. L’un d’entre eux est le prix de l’acier, « qui fluctue beaucoup, or un projet de parc éolien met environ six ans à naître ». Un autre est que le béton peut être produit sur place.
Si les machines ont commencé à produire, elles sont encore en phase de réglage sur le bruit nocturne. Des mesures seront faites. Dans le cas où elles révéleraient des problèmes, ils devront être réglés, a prévenu hier Franck Bonnet, d’une voix ferme. Ses administrés ne semblent en tout cas pas du tout effarouchés par les géantes. Une fois les discours terminés, ils se sont précipités pour en voir l’intérieur.
(1) Trois panneaux informatifs ont été installés à demeure au pied d’une des éoliennes. Pour y accéder, passer devant l’église et prendre à gauche à l’embranchement du cimetière.
En savoir + : Photos : Inauguration des éoliennes de Saint Fraigne |