Transformation du chanvre : le fil rompu

18 octobre 2011 | Non classé

[ Article Charente Libre du 18/10/11 ]

Transformation du chanvre : le fil rompu

Le projet de Pôle d’excellence rurale en pays aigrinois retoqué, l’unité de transformation du chanvre n’a pu se réaliser. Nicole Bonnefoy lance un appel aux agriculteurs et aux industriels. On a étudié toutes les problématiques. On a trouvé des réponses. On aurait pu passer à l’acte.

Le dossier concernant la création d'une unité de défibrage et de transformation du chanvre est prêt, comme le montre Nicole Bonnefoy. Photo S. C.

Le projet de filière «chanvre» en Charente est-il tombé à l’eau? L’unité de défibrage et de transformation à des fins industrielles, qui devait voir le jour en pays aigrinois, est-elle définitivement condamnée faute du label «pôle d’excellence rurale» (PER)?

Le dossier, présenté par le négoce et les coopératives agricoles, a été retoqué en mai par la commission nationale. Exit les aides d’État pour cette construction de 3 millions d’euros. «Les professionnels sont déçus mais ils n’ont pas fermé la porte», veut croire Nicole Bonnefoy. La sénatrice et conseillère générale plaide depuis six ans pour la réintroduction de cette plante, parée de toutes les vertus, dans le nord du département. Aujourd’hui, elle lance «un appel aux agriculteurs volontaires pour qu’ils plantent 2.000 hectares de chanvre et aux industriels du bâtiment et de l’automobile» pour relancer cette unité qui devait employer «entre cinq et dix salariés». Elle cite l’exemple d’un équipement semblable dans la région toulousaine. «ça prouve que c’est faisable, rentable, innovant, rémunérateur», appuie-t-elle. La balle est dans le camp des investisseurs.

L’exemple du chanvre mellois

«Six ans après, j’ai envie que les choses avancent. On a étudié toutes les problématiques. On a trouvé des réponses. On aurait pu passer à l’acte», regrette l’élue en égrenant les tests effectués ces dernières années. Des tests plein champ pour apprendre à cultiver et moissonner la plante. Des tests au lycée agricole de L’Oisellerie de La Couronne pour analyser la graine, son utilisation dans l’alimentation animale, ses répercussions sur la qualité du lait et du troupeau. Des tests en labo pour montrer que la fibre végétale biodégradable pouvait se substituer à la fibre de verre dans les matériaux composites: les tapis isolants, les tableaux de bord des voitures… «On maîtrise la culture, la technologie pour des produits innovants. Reste à trouver le porteur du projet financier. Le PER aurait permis de mettre tout ça en cohérence», insiste Nicole Bonnefoy qui avait d’autant plus d’espoirs que «le projet était soutenu par les préfets de région et de Charente». Un soutien visiblement insuffisant au niveau national.

En Charente, le chanvre risque bien de rester au stade artisanal. Une poignée d’agriculteurs a choisi de le cultiver dans le cadre de la diversification. Pour le paillage et l’isolation. Certains suivent la voie tracée par le chanvre du pays mellois. Où certains de leurs collègues se sont regroupés pour concevoir une machine capable de le trier et de le récolter. Le chemin est long avant de rejoindre la piste industrielle. […] Article Charente Libre