Structuration d’une filière Chanvre en Charente
Depuis quelques années, la Région Nouvelle-Aquitaine ambitionne de structurer la filière du Chanvre dans chacun de ses douze départements. L’objectif, pour la Région, est de créer à moyen terme et dans chaque département, des unités de transformation du chanvre. Une unité dite de « défibrage qui serait alimentée par du chanvre cultivé in situ ». Un chanvre version « grandes cultures », produit par des céréaliers, à distinguer du chanvre destiné au seul marché du bien-être à travers les dérivés du CBD.
En Charente, une ébauche de ce projet porté par le Conseil Départemental de la Charente Département a été présentée le 12 septembre dernier, à Saint-Yrieix-sur-Charente en présence des professionnels charentais des trois marchés de développement potentiels : l’agriculture, le bâtiment et l’alimentaire. Charente Eaux est la structure opérationnelle désignée par le Département pour le volet technique.
Aussi, c’est avec grand plaisir que j’ai participé avec mon collègue Michaël CANIT, Conseiller Départemental et Président de Charente Eaux, à cette journée. C’est un dossier que je connais bien et qui me tient particulièrement à cœur. Déjà en 2004, lorsque j’étais vice-présidente de la région Poitou-Charentes, j’avais planché sur cette question. En 2011 ensuite, le projet d’unité de transformation du chanvre, espéré dans le cadre d’un programme chanvre, n’avait pas pu se réaliser. J’espère que cela ne restera pas un vœu pieux, car cette culture résiliente, peu gourmande en eau et en intrants, est une véritable opportunité, un potentiel d’économie locale à faible impact carbone.
En effet, le Chanvre est une plante rustique adaptée à de très nombreux systèmes agricoles. Cette plante abrite une très grande biodiversité avec une production de biomasse record : jusqu’ à 15 tonnes de matière sèche à l’hectare en quatre mois. Le chanvre constitue un puits de carbone potentiel selon la destination des matières (15t /ha / an). C’est une plante capable de purifier les sols pollués. Très important à l’heure du réchauffement climatique et la raréfaction de l’eau, le Chanvre est une plante rustique, très résistante à la sécheresse, il ne nécessite pas d’irrigation. Le Chanvre limite fortement le lessivage des nitrates vers les nappes phréatiques et les cours d’eau. Sa culture nécessite 11 fois moins d’eau que le coton (textile). Le textile de chanvre ne rejette pas de micropolluants (contrairement au polyester).
La création de cette filière en Charente peut-être, la réponse à de nombreux enjeux : celui du monde du bâtiment qui doit s’inscrire dans l’utilisation de matériaux bio sourcés avec la RE 2020 ou de l’agriculture qui doit songer diversification tout en raisonnant local.
L’esprit de ce projet est de rechercher des synergies avec le tissu économique local, intégrer le chanvre dans les politiques locales (plans alimentaires, politique du logement, politique de rénovation énergétique, projets de bâtiments publics), articuler les rôles pour que chacun trouve sa place dans le projet, diffuser les connaissances et savoir-faire des pionniers, créer une démarche commune, des actions sur-mesure.
A l’issue de cette journée de présentation de ce projet, trois Groupes de travail ont été constitués :
- Un groupe de travail « agricole »
- Un groupe de travail « bâtiment »
- Un groupe de travail « alimentation » :
L’objectif de ces groupes de travail est de réunir un maximum d’acteurs concernés par chacune des thématiques pour co-construire le programme d’actions 2024, et permettre la naissance d’une filière chanvre locale, rémunératrice, apportant de la valeur ajoutée à nos territoires.