Le Sénat s’attaque aux déserts médicaux

8 février 2013 | Actualités / Sénat

[ Tribune libre de Nicole Bonnefoy du 08/02/13 ]

Le Sénat s’attaque aux déserts médicaux

Le 5 février 2013, la Commission du développement durable du Sénat a adopté un rapport d’information intitulé « Déserts médicaux : Agir vraiment ». Issu d’un groupe de travail sénatorial sur « La présence médicale sur l’ensemble du territoire » constitué en juin 2012, ce rapport formule 16 propositions pour agir contre les déserts médicaux.

Présidé par le sénateur socialiste du Finistère, Jean-Luc Fichet, et rapporté par Hervey Maurey, sénateur centriste de l’Eure, ce rapport vient dresser un bilan inquiétant de la couverture médicale en France. Comme chacun le sait, nous assistons depuis plusieurs années à la formation et la multiplication de zones sous médicalisées, que l’on appelle communément les « déserts médicaux ». Ce phénomène est un réel paradoxe pour un pays qui dispose d’un nombre globalement suffisant de médecins et consacre une part importante de son budget à la préservation d’un système de santé de qualité.

Cette situation n’est bien évidemment pas sans poser de nombreux problèmes, tant en termes d’égalité de tous les citoyens devant l’accès aux soins que d’aménagement et d’attractivité des territoires. Les sénateurs dénoncent en effet dans leur rapport des inégalités géographiques criantes. Si les zones rurales sont les plus touchées par ces déserts médicaux, il semble en aller de même pour les zones péri-urbaines et parfois même les villes moyennes.

En somme, de plus en plus de français rencontrent des difficultés pour avoir un accès correct aux soins que ce soit pour des raisons géographiques que pour des délais d’attentes trop importants. Ainsi, aujourd’hui, 58 % des Français déclarent avoir dû renoncer à des soins face à la difficulté d’obtenir un rendez-vous avec un spécialiste.

Malheureusement, le rapport indique qu’il ne faut pas espérer une résorption spontanée des déserts médicaux. Au contraire, les tendances actuelles de l’évolution de la démographie médicale ne sont pas encourageantes. Nous pourrions ainsi assister dans les prochaines années à un creux de la démographie médicale alors même que la population française augmente et vieillit.

En conséquence, le rapport formule 16 propositions pour lutter contre les déserts médicaux :

Faire évoluer les études de médecine

1. Mener une réflexion approfondie pour adapter les critères de sélection lors de l’accès aux études de santé
2. Diversifier l’enseignement aujourd’hui centré sur la pratique hospitalière
3. Rendre effective l’obligation des stages d’initiation en médecine générale
4. Adapter les épreuves classantes nationales aux besoins des différentes filières médicales de chaque région
5. Mettre en place une quatrième année professionnalisante en fin de troisième cycle pour les étudiants en médecine générale, accomplie de préférence dans les zones sous denses.

Mettre en œuvre à l’échelle des territoires une politique d’accès aux soins

6. Créer à l’échelle du département une commission de la démographie médicale qui délimitera des aires de santé et définira et organisera les moyens d’accéder aux soins sur ces territoires.
7. Favoriser la coopération et les transferts d’actes entre les différentes professions de santé
8. Favoriser l’exercice regroupé pluriprofessionnel en apportant un financement incitatif à l’installation en maisons et pôles de santé
9. Favoriser l’allongement de la durée d’activité des médecins
10. Développer lorsque cela est nécessaire des formes de médecine salariée
11. Encourager le développement de la télémédecine

Clarifier et promouvoir les mesures incitatives existantes

12. Évaluer et réorienter les aides financières à l’installation en zones sous-dotées en fonction du rapport entre leur coût et leur impact réel.
13. Faire des agences régionales de la santé le point d’entrée unique des aides financières

Mieux réguler l’installation des professionnels de santé

14. Étendre aux médecins le conventionnement sélectif en fonction de la nature des zones d’installation (zones sur dotées ou sous dotées)
15. Instaurer, pour les médecins spécialistes, une obligation d’exercer pendant deux ans à la fin de leurs études, à temps plein ou partiel, dans les hôpitaux des chefs-lieux de départements où le manque de spécialistes est reconnu par les agences régionales de santé.
16. Informer dès à présent les étudiants en médecine de la possibilité d’instaurer pour les médecins généralistes une obligation de quelques années d’exercice en zone sous-dotée en début de carrière

En savoir + :

Rapport d’information « Déserts médicaux : Agir vraiment »
Synthèse du rapport