Intervention liminaire du président de la République lors de la conférence de presse

[ Intervention de François Hollande du 16/05/13 ]

Intervention liminaire du président de la République lors de la conférence de presse

Mesdames, Messieurs les membres du gouvernement,

Mesdames, Messieurs les journalistes,

Je vous avais donné rendez-vous tous les six mois ; je suis donc à l’heure pour la deuxième rencontre. Cette conférence de presse me permettra de revenir sur ce que nous avons fait, depuis un an, mais surtout de tracer les prochaines étapes de mon action.

Hier, j’étais à Bruxelles. Je présidais la conférence des donateurs pour le Mali. L’intervention de la France y a été saluée, reconnue. Le mérite en revient à nos soldats et je veux leur rendre hommage en cet instant. Six sont morts. Ils ont fait bien plus que libérer un pays de la servitude et du terrorisme. Ils ont fait aimer la France dans toute l’Afrique et illustrer le rôle qui est le nôtre, celui d’une grande nation : pouvoir peser sur l’équilibre du monde.

Hier, j’étais à Bruxelles parce que je voulais partager avec la Commission européenne, réunie au grand complet – c’était la première fois depuis 1997 qu’un président de la République française rencontrait le Collège des commissaires. C’était donc un évènement pour eux, mais aussi pour la France. Parce que je voulais leur faire partager ma conception de l’Europe.

Je me suis exprimé au nom d’un Etat qui a démontré sa crédibilité budgétaire, d’un pays qui a amorcé le redressement de sa compétitivité et qui a entrepris, par la négociation, la réforme du marché du travail. C’est cet effort que je veux saluer : celui du gouvernement de Jean-Marc AYRAULT, celui de tous les Français. Il a permis d’obtenir du temps – deux ans – pour atteindre notre objectif qui est de réduire le déficit public, confirmant ainsi le bien-fondé de la démarche que j’ai engagée depuis mon élection pour faire bouger les lignes en Europe.

Les lignes ont bougé depuis un an. Quand je regarde ce qui s’est produit : la zone euro a été stabilisée, des instruments de solidarité ont été introduits, l’Union bancaire a été définie. Il y a eu aussi une nouvelle doctrine de la Banque centrale européenne. La Grèce que l’on pensait, à un moment, menacée de ne plus pouvoir figurer dans la zone euro, a été sauvée comme d’autres pays. Les taux d’intérêt, qui paraissaient pour certains pays insupportables, ont baissé. Je ne parle pas du nôtre qui est à son plus bas historique : jamais l’Etat n’avait emprunté avec un coût de l’argent aussi faible.

Ce résultat, que je revendique, n’a été possible que parce que la France a su jouer le rôle de trait d’union entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud, dans le cadre de l’indispensable – je dis bien indispensable – couple franco-allemand, sans lequel l’Europe ne peut pas avancer.

Mais aujourd’hui, ce qui frappe l’Europe, ce n’est plus la crise financière. Je le redis ici : elle est derrière nous. Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait plus de menaces, mais les causes ont été régulées et jugulées. Ce qui frappe l’Europe, ce n’est pas la crise financière, c’est la récession : récession provoquée par des politiques d’austérité ; récession qui touche tous les pays de la zone euro – certains moins que d’autres, mais je pourrais faire des comparaisons, y compris avec l’Allemagne, pour ces six derniers mois ; récession qui menace jusqu’à l’identité même de l’Europe, jusqu’à la confiance des peuples en leur destin.

La Commission européenne a commencé à comprendre les risques et les menaces. Elle a décidé d’ajuster, d’adapter le rythme de la consolidation budgétaire à la conjoncture. C’est un bon signal. Mais, pour moi, ce délai – deux ans pour la France – ce n’est pas un répit, c’est un rebond, c’est une opportunité pour une reprise plus rapide en France et en Europe. Car l’enjeu, je le répète, c’est la croissance, c’est la sortie de la crise, c’est la fin de la récession.

Notre économie est à l’arrêt depuis 5 ans. Pas depuis 6 mois, pas depuis 1 an : depuis 2008. Avec plus d’un million deux cent mille demandeurs d’emploi de plus, je sais que cette situation entraîne des difficultés pour bon nombre de mes compatriotes, de ceux qui m’ont accordé leur confiance, de ceux qui espèrent un avenir meilleur pour eux, pour leurs enfants. Je sais ce que beaucoup éprouvent comme inquiétude, même quand ils ont un emploi, et comme détresse quand ils n’en ont plus, au point – je le disais – de douter d’eux-mêmes et surtout de leurs gouvernants – ce qui est une menace pour la démocratie.

Bien sûr, j’aurais pu vous dire que nous n’en serions pas là, si nos prédécesseurs avaient fait des choix courageux, notamment sur le plan de la compétitivité, ces dix dernières années. On me le fait sentir d’ailleurs quand je vais à l’étranger ! Bien sûr, je pourrais vous dire que cela va plus mal ailleurs. Et alors ? Je ne cherche aucune défausse, ni sur le passé, ni sur l’extérieur.

C’est la raison pour laquelle Jean-Marc AYRAULT et son gouvernement ont dû engager des réformes essentielles pour le pays. La première, c’était tout simplement le sérieux budgétaire. Cela va de soi, et pourtant ! Que s’est-il passé ces dernières années ? Que de dérèglements, de dérives, de déséquilibres, de dettes ! Donc, le sérieux. Comment cela se prouve le sérieux ? Par un indicateur, le niveau de la dépense publique. Quand je regarde ce qu’a été la dépense publique de l’Etat en 2012, elle a été légèrement inférieure à celle qui était prévue ; en 2013, la dépense publique de l’Etat sera stable ; et en 2014, elle reculera d’un milliard et demi. […] Suite de l’intervention

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