Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable – Table ronde sur l’équité territoriale en matière d’accès aux soins
Lors de la table ronde sur l’équité territoriale en matière d’accès aux soins, organisée par ma commission au Sénat, j’ai pu questionner les personnes présentes sur le manque de gynécologues obstétriciens et ses conséquences pour les femmes.
Vous trouverez ci-dessous la vidéo de mon intervention, la réponse qui m’a été apportée par la Directrice Générale de l’offre de soins (DGOS) et le texte de ma question.
Table ronde sur l’équité territoriale en matière d’accès aux soins avec :
- Mme Isabelle Dugelet, Maire de La Gresle (Loire) et membre du conseil d’administration de l’Association des maires ruraux de France (AMRF) ;
- Mme Julie Pougheon, Conseillère spéciale de la Directrice générale de l’offre de soins (DGOS) ;
- M. Maxime Lebigot, Co-président de l’Association de Citoyens Contre les Déserts Médicaux (ACCDM).
Je comprends bien que le misérabilisme ne plaise pas au nouveau ministre délégué à la Santé et à la prévention. Mais force est de constater que la situation ne s’arrange pas. La Charente n’est pas épargnée par le phénomène de désertification médicale.
Mon département figure toujours dans les dix premières places du classement des déserts médicaux en France. En début d’année, la maternité de Girac du centre hospitalier d’Angoulême a frôlé la fermeture faute de gynécologues obstétriciens[1].
Parallèlement à la raréfaction de cette catégorie de médecins, nous constatons l’envolée du prix des soins en 2024. Selon l’Association UFC que choisir, plus de 70% des gynécologues médicaux réalisent des dépassements d’honoraires : une aridité financière qui s’ajoute au désert et, au final, une double peine pour les femmes. Selon la Fédération national des collèges de gynécologie médicale, 67% des femmes vivent dans un désert médical[2].
Vous le savez, le suivi réalisé par un gynécologue médical est irremplaçable pour le suivi global de la santé des femmes : dépistage cardiovasculaire, et de l’ostéoporose, prise en charge de l’infertilité, délivrance de la contraception ou suivi de la ménopause, etc. Ces actes essentiels ne sont plus assurés par manque de médecins ou par impossibilité financière. Si le dépistage du cancer du col de l’utérus peut être assuré par des sage-femmes ou des médecins généralistes, ceux-ci ne remplacent pas le suivi d’un gynécologue médical.
Madame la Directrice, la Délégation sénatoriale aux droits des femmes publiait en 2021 un rapport remarquable munie de recommandations solides pour améliorer l’accès aux soins des femmes telle que la médecine itinérante, le plafonnement d’installation par département, etc[3]. Sur quelles solutions planche le ministère pour améliorer la santé des femmes dans les déserts médicaux ?
Par ailleurs, un récent rapport de l’Académie de médecine plaide pour ce qu’il nomme le « réalisme » fondé, je cite, « non pas sur le maintien illusoire de petites structures, mais sur une réduction du nombre de maternités ».
Ainsi, les maternités de moins 1000 naissances devraient fermer au profit d’une réorganisation globale de l’offre de soin territoriale. Si ce dossier est sur la table du gouvernement, il me semble indispensable de développer en amont et avant la fermeture desdites « petites structures », la mise en place de centres périnataux de proximité et d’hôtels hospitaliers proches des maternités pour les femmes en fin de grossesse. Le nombre de naissances hors villes disposant d’une maternité est en constante augmentation avec un risque accru pour la santé des parturientes n’arrivant pas à se rendre à temps à la maternité.
Avez-vous connaissance de ce rapport et quelle politique périnatale entendez-vous mettre en place dans les territoires sous-dotés ? Un plan rose national est-il à l’étude ?
Source : Rapport 23-05. Planification d’une politique en matière de périnatalité en France : Organiser la continuité des soins est une nécessité et une urgence. https://www.academie-medecine.fr/planification-dune-politique-en-matiere-de-perinatalite-en-france-organiser-la-continuite-des-soins-est-une-necessite-et-une-urgence/