L’aéroport d’Angoulême vise la classe affaires
27/06/14 | Article Charente Libre
L’aéroport d’Angoulême vise la classe affaires
La plateforme de Brie-Champniers est désormais dotée d’un salon d’affaires, inauguré avant-hier. Ce nouvel équipement marque la volonté d’inciter les entrepreneurs à utiliser la structure.
Canapés noirs et coussins rouges. Climatisation, revues, écran plat et minibar. Bienvenue dans le tout nouveau salon d’affaires de l’aéroport d’Angoulême-Cognac. L’équipement a été inauguré avant-hier soir par Nicole Bonnefoy, la présidente du Syndicat mixte des aéroports de Charente (Smac) en présence des représentants du monde économique et de Youssef Sabeh, l’un des pontes de la SNC-Lavalin, l’exploitant du site.
Ce petit coin de confort réservé aux entrepreneurs dit la volonté du Smac de faire décoller l’aviation d’affaires en Charente. Parce qu’il y a «des besoins», à en croire Nicole Bonnefoy. Et parce que c’est une piste sérieuse pour développer l’aéroport le plus mal classé de France au regard du nombre de passagers qui empruntent des vols commerciaux.
Bien que la tendance devrait s’améliorer grâce à la liaison charento-corse inaugurée en avril dernier, les voyageurs d’affaires restent les plus nombreux. Ils ont été, selon la SNC-Lavalin, 1.096 l’an passé, ce qui représente 678 mouvements d’aviation, mais à peine 2 % des atterrissages et décollages à Brie-Champniers, notamment réalisés par l’école de pilotage Héli-Union et ses 600 stagiaires à l’année.
Un pressant travail de communication
«Il y a beaucoup plus de potentiel, assure Nicole Bonnefoy. Mais le problème, c’est que la plateforme d’Angoulême est mal, voire peu connue. Notre objectif est d’inverser la tendance.»
Le salon d’affaires est la nouvelle vitrine du complexe en déficit de 678 000 euros. «Il souligne notre volonté d’allier confort et efficacité, vend Youssef Sabeh de la SNC-Lavalin. L’idée est de mettre Angoulême au même niveau de services que les neuf autres sites de taille à peu près équivalente que nous exploitons.»
Pour Alain Lebret, patron des patrons charentais, il y a «de la demande de la part des chefs d’entreprise». «A nous maintenant au sein de l’union patronale de communiquer sur les possibilités de cet aéroport.»
Même son de cloche du côté de Jean-Claude Audry, numéro un de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises, pour qui cette plateforme est «sous exploitée depuis toujours». Tous vont travailler avec le Smac à l’évaluation prochaine des besoins.
Même s’il conteste la mise en place de ce salon d’affaires – parce que c’est selon lui «mettre la charrue avant les bœufs»; «il faudrait déjà qu’il y ait suffisamment d’affaires» –, Stéphane Delimoges, responsable de la commission aéroportuaire à la chambre de commerce et d’industrie d’Angoulême ne nie pas l’utilité de la piste de proximité. «Grâce à elle, confie le patron de Rotodesign à Ruffec, j’ai envoyé des collaborateurs à Barcelone en une heure et demie. C’est rapide, pratique et plutôt économique.» Entre 250 et 500 euros de l’heure.
Un potentiel pour les liaisons régulières
Mais vraiment adapté à tous les business? Pas forcément au cognac. «Les pays lointains avec lesquels nous travaillons nécessitent le recours aux longs courriers et donc de nombreux mouvements depuis Bordeaux», dit Jean-Marc Morel, le directeur général adjoint de Martell. «Il arrive toutefois une à deux fois par an que des clients européens se posent à Angoulême.» Ils utilisent alors les services de compagnies comme Eastern Airways, Evolem, Jet Fly…
«Si encore il y avait des liaisons régulières pour Paris ou d’autres villes comme alternative au TGV ou aux mauvaises dessertes, ça pourrait nous intéresser.»
Le Charentais Cédric Deïs avait essayé de se positionner sur ce créneau des avions taxis il y a trois ans. Une étude de marché menée à l’époque auprès de 170 patrons laissait apparaître un potentiel de 2.500 heures de vol.
Malheureusement, l’initiative en phase avec le développement dont rêve l’aéroport s’est heurtée à des considérations juridiques après à peine trois mois d’exercice. Jugé en correctionnelle parce que soupçonné d’avoir contourné les règles de l’aviation civile, Cédric Deis a été relaxé. Mais sa société Class Air-Pro ne s’en est jamais remise. Déçu, il vend ou loue à la rigueur son avion de six places. Avis aux amateurs.