CONGRES DE VERSAILLES – Constitutionnalisation de l’IVG
Par 780 voix pour, 72 contre et 50 abstentions, le Parlement réuni en Congrès a approuvé l’inscription dans notre Constitution de « la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse ». La liberté des femmes de disposer de leur corps figure désormais dans notre loi fondamentale.
Qu’il fut long le chemin depuis le manifeste des 343 en 1971, le plaidoyer de Gisèle Halimi pour la dépénalisation de l’avortement lors du procès de Bobigny en 1972, la dépénalisation de l’avortement par Simone Veil en 1975, conquête décisive pour le droit des femmes à disposer librement de leur corps, et l’instauration du remboursement de l’interruption volontaire de grossesse par la sécurité sociale par l’action résolue d’Yvette Roudy en 1982.
Ce vote est historique.
Historique par son ampleur, à l’image du soutien écrasant des Français qui, à plus de 80 %, soutiennent le droit à l’avortement et l’ensemble des réformes que nous avons conduites pour en favoriser l’accès.
Historique parce qu’il est l’aboutissement d’un long cheminement citoyen, associatif, militant. Comme jamais sans doute auparavant dans notre histoire, une réforme constitutionnelle n’a autant reposé sur la mobilisation de la société civile. Nous la devons aux féministes, ces dizaines de milliers de femmes, connues ou anonymes, dont la mobilisation a été déterminante.
Ce cheminement s’est poursuivi au Parlement, et comme sénatrice du groupe socialiste, écologiste et républicain, je suis fière de pouvoir dire qu’avec mes collègues nous avons répondu présents pour faire aboutir cette grande ambition. Parce que ce combat pour le droit des femmes, et notamment le droit des femmes à disposer de leur corps, est indissociable de notre engagement.
Historique enfin parce que la France devient ainsi le premier pays au monde à sécuriser l’interruption volontaire de grossesse dans sa Constitution. Par ce vote, la France retrouve le fil de son histoire, l’histoire du pays des droits humains qui rend fier et surtout donne du courage partout, à toutes celles et ceux qui luttent.
A l’heure où partout à travers le monde les droits des femmes reculent sous l’effet du populisme qui progresse, nous envoyons un message puissant à toutes ces femmes qui se battent en Argentine, aux États-Unis, en Italie, en Hongrie, en Pologne.
Certains affirment qu’en France l’interruption volontaire de grossesse n’est pas menacée. Aujourd’hui sans doute, souhaitons-le. Mais qui peut garantir avec certitude qu’il en sera de même à l’avenir ? Si le pire n’est jamais certain, le meilleur ne l’est pas non plus.
Car de toute évidence, notre pays n’échappe pas à la montée du populisme. Et partout où les extrêmes droites, les ultraconservateurs, les nationaux populistes, les dictateurs théocratiques ont accédé au pouvoir, l’avortement et les droits des femmes ont été leurs cibles.
Avec le seul moyen dont on dispose dans une grande démocratie comme la nôtre, c’est-à-dire le droit, il nous fallait agir pour empêcher tout retour en arrière, empêcher qu’une majorité future ne puisse mettre à mal la liberté des femmes de disposer de leur corps.
Agir pour l’avenir, pour nos filles, nos petites-filles et leurs filles à leur tour.