09/05/11 : Inauguration du parc photovoltaïque au sol à Courbillac

Lundi 09 mai 2011, inauguration du parc photovoltaïque au sol à Courbillac.

[ Article Charente Libre du 09/05/11 ]


Courbillac se taille une petite place au solaire

Francis Moyet, agriculteur retraité à Courbillac, a loué un terrain pour une centrale photovoltaïque. Elle sera inaugurée cet après-midi. Un exemple de l’engouement pour le solaire.

Il est écolo dans l’âme depuis Tchernobyl. À partir de cet après-midi, il pourra revendiquer le statut de fervent promoteur de l’énergie photovoltaïque dans le département. Il y a vingt-cinq ans, Francis Moyet était encore en activité sur son exploitation agricole de Courbillac.

«Je prenais la météo tous les jours à Cognac. Ils parlaient de becquerels. Je suis allé voir dans le dictionnaire.» Depuis, il s’est fait une religion. «Le nucléaire, c’est le plus grand terroriste du monde.» Et il a décidé, dans son coin, de prendre le contre-pied, de se lancer dans les énergies renouvelables.

L’agriculteur, aujourd’hui retraité, est dans l’air du temps. Dans l’un de ses champs, «une mauvaise terre» qu’il a en vain tenté de rendre constructible pendant dix-huit ans, à l’entrée du «Bourg-des-Dames», le gros hameau de Courbillac. Cette terre est devenue bonne pour l’énergie. La société nantaise Photoner vient d’y installer 1 120 panneaux photovoltaïques orientables de dernière génération. L’une des plus grosses centrales de la région, comme le confirme Marie-Yvonnick Legal, ingénieur chez Photoner et pilote du projet.

«246 kilowatts crête, ce qui permet d’alimenter 118 foyers.» Soit 600 personnes. Soit, à peu près, la population de Courbillac. Elle sera inaugurée aujourd’hui, en pleine semaine de l’énergie solaire. Demain, sa presque jumelle, d’une capacité comparable, sera inaugurée à Pérignac, toujours en Charente.

Un bail de vingt ans

Francis Moyet peut se vanter d’être un cas à part dans la région. Il est aussi, sans doute, le dernier particulier à être à l’origine d’une vraie centrale photovoltaïque. «Aujourd’hui, on ne le referait plus», confirme Photoner. Parce que la loi sur les terres agricoles interdit désormais de les aliéner pour ce genre de projet. «On travaille davantage sur des friches, d’anciennes carrières et avec des collectivités locales», précise Marie-Yvonnick Legal.

Francis Moyet, lui, a été aiguillé par la Région sur la société nantaise. «J’aurais bien aimé le faire moi-même. Mais j’ai fait réaliser un devis par un installateur. C’était beaucoup trop cher.» Il a alors préféré mettre sa terre à disposition d’un spécialiste. Ils ont signé un bail emphytéotique de vingt ans. Le retraité en tire un double avantage: la satisfaction de contribuer au sauvetage de la planète et «un petit complément de retraite».

Sur les toits

Lui qui s’est consolé de n’avoir pu installer une éolienne sur son terrain – «À 6 centimes le kilowatt éolien acheté par EDF contre 31 pour le photovoltaïque, ce n’était pas rentable» -, qui a attendu vingt-six mois, le temps des études et de l’aménagement, pour voir le transformateur enfin installé et la centrale branchée en milieu de semaine dernière, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. La prochaine étape, c’est la couverture des toits de ses bâtiments agricoles, sur la ferme de «Bourg-des-Dames».

Ce sera plus classique. Parce que l’installation en plein champ, c’est déjà une belle affaire. À l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, à Poitiers, Thaer Alsafar, chargé de mission sur le sujet, le confirme: «Si l’on excepte la centrale photovoltaïque de Montendre, en Charente-Maritime, de 5,5 mégawatts sur des hectares, pilotée par EDF, aux alentours de 246 kilowatts crête, c’est déjà une installation importante. Il n’y en a que quelques-unes en Poitou-Charentes.»

L’essentiel des installations concerne les particuliers. «Même après les baisses de tarif du 1er janvier et de septembre 2010, 12 à 46 centimes payés, en fonction du type d’installation, c’est toujours élevé au vu de la tarification européenne», indique Thaer Alsafar. Il n’y a que la Vienne et les Deux-Sèvres, où sont installés deux producteurs d’énergie, pour se distinguer.

«En Charente-Maritime, c’est le nombre de particuliers et de résidences secondaires équipés d’installations qui produisent moins de 6 kilowatts crête qui en font le second département de la région. En Charente, le développement est aujourd’hui assez rapide, qui a fait passer le département devant les Deux-Sèvres. C’est aujourd’hui un parc non négligeable.»

Une ombre sur les panneaux

65,9 mégawatts. C’est la puissance raccordée au réseau au premier trimestre 2011. C’est près de quatre fois la puissance raccordée au premier trimestre 2010. Au cours des trois premiers mois de 2011, 1 385 installations ont été branchées pour porter à 6 927 le nombre total d’installations dans la Région.

La progression s’est effectuée malgré la baisse des tarifs et des crédits d’impôts. «Mais on peut imaginer que, malgré la volonté affichée de la Région et les aides qui vont avec, on assiste à une baisse des raccordements en 2011», envisage Thaer Alsafar, chargé de mission à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et spécialiste du photovoltaïque.

«On aura sans doute une période d’inertie avant que les choses ne reprennent. Nous avons peu de retour sur les nouvelles tarifications. Il faudra sans doute de six à huit mois avant que la filière ne redémarre de façon sereine, pronostique le technicien. Des structures qui s’étaient créées en profitant de l’opportunité vont sûrement disparaître parce que la rentabilité n’est plus la même. Mais le photovoltaïque reste intéressant, en particulier pour les constructions neuves et l’apparition de bâtiments à énergie positive, qui produisent autant qu’ils consomment.»

À l’Ademe, le solaire est toujours d’actualité, «dans une démarche globale que l’on ne peut dissocier d’une politique de maîtrise de l’énergie». […] Article Charente Libre