10/06/13 : Soirée avec Michael Lonsdale à St Amant de Boixe

Lundi 10 juin 2013, soirée avec Michael Lonsdale à Saint Amant de Boixe.

Revue de presse

[ Article Charente Libre du 11/06/13 ]

Michael Lonsdale, une voix pour l’abbaye de Saint Amant de Boixe

Michael Lonsdale était invité hier soir à l’abbaye de Saint-Amant-de-Boixe. Rencontre avec un comédien non violent qui respire la bonté et la simplicité.

Il a le regard plus lumineux que le ciel qu’il contemple ce lundi soir à Saint-Amant-de-Boixe. Michael Lonsdale prend le pouls de l’abbaye avant de lire des textes sur la vie monacale.

« Il marquait déjà les lieux de sa voix avec l’audioguide. Il fallait qu’il vienne réellement », glisse Anael Vinet, directeur de l’Espace d’architecture romane qui fête à l’occasion ses cinq ans. Un bel anniversaire avec un bel homme de 82 ans, à l’humour perçant sous la barbiche de patriarche.

Sa silhouette massive, sa simplicité, la bonté qui émane de ses propos, évoquent frère Luc, le rôle qui lui a valu le César du meilleur acteur dans le film « Des hommes et des dieux » de Xavier Beauvois. Un rôle sur mesure pour ce chrétien revendiqué.

« Le village s’est constitué à partir des moines. C’était un lieu de travail et d’échanges, l’expression de la générosité, l’amitié. À Cannes, les spectateurs ne pouvaient plus parler à la fin de la projection tellement ils étaient bouleversés. C’est la première fois que j’ai vu des journalistes pleurer ».

La récompense? « C’était le pompon. Je n’ai jamais reçu de prix de ma vie, à part lorsque j’ai franchi le mur du son avec le Concorde. Ce jour-là, on m’a remis un certificat… » Sourire.

Quand? « J’ai le temps très élastique, je ne sais plus ». L’important, c’est le message dégagé par le film, la résistance face au terrorisme. Une violence que rejette Michael Lonsdale depuis l’enfance, depuis ses premiers cours d’art dramatique où il lui a fallu casser une chaise pour se faire accepter. « J’en étais malade. Je suis rentré chez moi, je me suis allongé pendant trois heures. Je me rappelle les paroles de mon professeur: « Un comédien, c’est un représentant en sentiments ». J’avais 22 ans ».

Soixante ans plus tard, l’artiste abhorre toujours autant « les coups, les méchancetés ». Retenu à la clinique pour un pied écrasé par un bus, il a subi les infos télé. « Tous les soirs, ce sont des faits divers et des crimes, c’est d’un mépris total pour la population. C’est comme si on lui distribuait son chewing-gum visuel quotidien ».

Orson Welles, Truffaut, Beckett, Duras…

Comment lutter contre le terrorisme? « Il n’y a pas de méthode. Il faut s’y opposer, anéantir les coupables. Ce sont toujours les mêmes choses qui recommencent. Après la guerre, il y a eu la joie immense de la trêve, le temps de la reconstruction, et puis la moisissure est revenue ».

La faute aux hommes? « C’est le pouvoir de l’argent, le dieu de l’argent qui fait mal ».

Votre carrière vous en a aussi rapporté? « Par moments. Ça m’a permis d’acheter mon appartement. Ça m’a surtout permis des rencontres: Orson Welles, Truffaut, Beckett, Duras, Jeanne Moreau… Depardieu, je l’ai bien connu avant qu’il ne fût connu. C’était un séducteur irrésistible. Il a tout conquis, l’argent, le pouvoir. Maintenant, il n’a plus rien à conquérir ».

Tout le contraire de Michael Lonsdale qui rêve encore « d’inventions ». Avant-hier à Rennes, hier à Fontainebleau, aujourd’hui à Saint-Amant, demain à Dijon. Pour des lectures portées par la musique. Des interprétations. « J’avais un besoin vital d’être comédien ». […] Article Charente Libre