Arrêtez de nous bassiner ! Lutter contre l’accaparement de l’eau, un enjeu vital pour les générations futures

3 avril 2023 | Actualités / Charente

La multiplication des projets de bassines à travers nos territoires ruraux doit poser question à l’ensemble de la société car ces infrastructures ne sont pas anodines dans la préservation de l’environnement qui nous concerne tous.  

Les enjeux liés à l’eau sont indissociables de l’ensemble des questions environnementales. Quand la qualité des sols empêche les deux tiers de l’eau de pluie de rejoindre les nappes, quand chaque degré supplémentaire augmente de 7% l’humidité de l’atmosphère, la réponse doit être globale. 

Les sécheresses actuelles et les pénuries d’eau deviendront notre quotidien à horizon 2050. Le dernier rapport du GIEC est éloquent en la matière en prévoyant avec un haut niveau de certitude que la pression hydrique exercée par l’agriculture aura des effets négatifs : « notamment la demande en eau, l’épuisement des eaux souterraines, l’altération des climats locaux et régionaux, l’augmentation de la salinité des sols, l’aggravation des inégalités et la perte des moyens de subsistance pour les petits exploitants ruraux ».

La décennie qui s’ouvre sera décisive pour l’avenir du climat et donc pour l’atténuation du réchauffement. Chaque intervention sur les équilibres écosystémiques doit être élaborée avec une main tremblante car modifier l’environnement revient à déstabiliser encore un peu plus un espace déjà stressé par les changements climatiques.

Le risque de multiplier à-vau-l’eau les bassines et autres retenues d’eau est à terme de maintenir un système agricole qui fait fi des nouvelles contraintes climatiques. C’est ce que les experts du GIEC appellent la mal-adaptation qui consiste à multiplier des équipements pour venir répondre à un besoin conjoncturel sans agir sur le cycle en lui-même. Le manque d’eau est un fait et va durer. L’heure n’est pas à la nostalgie mais à l’action.

L’utilisation de l’eau est un choix. C’est un choix qui doit s’inscrire dans un processus de concertation locale dans un cadre clairement défini par le national car il est à l’intersection d’intérêts contradictoires. Le retour à une décision locale contribuerait à la responsabilisation des acteurs dans l’usage des ressources, à la compréhension des projets ainsi qu’à l’apaisement dans la résolution des conflits d’usage de la ressource. 

Avant de construire de telles infrastructures, il faut avoir les moyens d’en évaluer les conséquences réelles. Pour cela, chaque territoire doit être en capacité d’apporter des données objectives, des outils de recueil comme des piézomètres, des échelles pour contrôler les niveaux. De nombreux Départements ont développé de tels outils de mesure. Connaître le milieu d’abord me paraît essentiel avant d’accroître nos prélèvements hydriques.

Notre avenir agricole, l’avenir de l’alimentation ne peut être privatisé par telle ou telle catégorie d’agriculteurs. L’eau est un bien commun qui ne peut échapper au contrôle de la puissance publique. L’accès à la ressource peut même devenir un des puissants leviers pour réaliser la transition agro-écologique moins gourmande en eau et que j’appelle de mes vœux pour la préservation de l’environnement, de la biodiversité, la santé des agriculteurs, des riverains et de tous les usagers.