Réformer les rythmes scolaires : Une nécessité dans l’intérêt de l’enfant

28 janvier 2013 | Tribune libre

[ Tribune libre de Nicole Bonnefoy du 28/01/13 ]

Réformer les rythmes scolaires : Une nécessité dans l’intérêt de l’enfant

Réforme des ryhtmes à l'école primaireDepuis son entrée en fonction, le nouveau Ministre de l’Éducation Nationale, Vincent Peillon, a fait de la refondation de l’école sa priorité. Après avoir acté dès la rentrée de septembre 2012 la création de 40000 postes d’enseignants, il vient de s’engager dans la réforme des rythmes scolaires.

Depuis la mise en place de la semaine de quatre jours en 2008, les écoliers français ont le nombre de jours d’école le plus faible des 34 pays de l’OCDE. Ainsi, la France compte 144 jours de cours par an, contre 190 au Royaume-Uni et 208 en Allemagne. En conséquence, nous comptons le plus grand nombre d’heures de cours par semaine avec 24 heures, contre 21 à 25 au Royaume-Uni et 15 à 20 heures en Allemagne.

Or, les spécialistes des rythmes de l’enfant estiment que cette extrême concentration du temps est inadaptée et préjudiciable aux apprentissages. Elle est source de fatigue et de difficultés scolaires.

Le Ministre de l’Éducation Nationale a donc souhaité apporter une réponse à cette situation dommageable pour nos enfants. En réformant les rythmes scolaires, le Gouvernement se fixe comme objectif de mieux répartir les heures de classe sur la semaine afin d’assurer un plus grand respect des rythmes naturels d’apprentissage et de repos de l’enfant.

La réforme prévoit ainsi :

• Un étalement de 24 heures d’enseignement hebdomadaire sur neuf demi-journées, incluant le mercredi matin ; une journée de classe de maximum 5 heures 30 et une demi-journée de maximum 3 heures 30 ; une pause méridienne de 1 heure 30 au minimum.
• L’organisation d’activités pédagogiques complémentaires aux heures d’enseignement afin notamment d’aider les écoliers en difficulté
• L’organisation d’activités périscolaires (sportives, culturelles, artistiques) qui contribueront à développer la curiosité intellectuelle de l’élève.

Ces activités périscolaires pourront être organisées dans le cadre d’un projet éducatif territorial (PEDT), véritable outil de la mise en œuvre de la réforme. Ce PEDT sera élaboré à l’initiative de la collectivité territoriale, en collaboration avec les administrations d’État concernés, les associations ou les institutions culturelles. Son but est de tirer parti de toutes les ressources du territoire et de créer des synergies pour garantir une plus grande continuité éducative. Les services déconcentrés du ministère de l’Education nationale seront mobilisés pour accompagner les communes dans l’élaboration de leurs projets en matière péri-éducative.

Afin d’aider au mieux les collectivités locales à appliquer cette réforme, le Gouvernement a prévu de nombreuses mesures d’accompagnement. Des déclinaisons locales de la réforme seront possibles à l’intérieur du cadre réglementaire national afin de prendre en compte les contraintes et les atouts des différents territoires. Elles pourront concerner la durée de la pause méridienne, les horaires d’entrée et de sortie des écoles ainsi que les modalités d’articulation des temps d’enseignement et des temps d’activités périscolaires.
De plus, un certain nombre de dérogations pourront être accordées, si elles vont dans l’intérêt de l’enfant et qu’elles se justifient par les particularités du projet éducatif territorial. Elles pourront concerner la mise en place d’une demi-journée d’enseignement le samedi matin au lieu du mercredi matin, l’augmentation de la durée de la journée d’enseignement au-delà de 5 heures 30 ou celle de la durée de la demi-journée pour la porter à plus de 3 heures 30.

Finalement, concernant le financement de la réforme qui inquiète à juste titre les élus locaux, le Gouvernement a également pris des dispositions pour en amortir le coût. Un fonds exceptionnel de 250 millions d’euros va ainsi être créé pour accompagner les communes dans l’organisation d’activités périscolaire. De plus :
• Toutes les communes ayant décidé de mettre en œuvre les nouveaux rythmes scolaires à la rentrée 2013 se verront allouer une dotation forfaitaire de 50 euros par élève.
• Les communes éligibles à la DSU ou à la DSR se verront allouer 40 euros supplémentaires par élève, soit 90 euros par élève au total pour l’année scolaire 2013-2014. Elles bénéficieront à nouveau du fonds l’année suivante, à hauteur de 45 euros par élève.

Le décret de mise en application de la loi devrait être rendu public le 25 janvier 2013. Initialement, il prévoyait que les communes décidaient avant le 1er mars si elles passaient à la semaine de 4,5 jours à la rentrée 2013 ou celle de 2014. Cependant, afin de répondre aux demandes des élus, le Premier Ministre a demandé le prolongement d’un mois de ce délai, jusqu’à la fin du mois de mars.

Je me félicite donc de cette réforme qui va très clairement dans l’intérêt de l’enfant. Il est évident que certains aménagements et des mesures d’accompagnement spécifiques seront nécessaires pour aider les communes à la faire appliquer. Le Gouvernement en a parfaitement conscience et a déjà fait de nouvelles annonces dans ce sens. Je suis convaincue que, dans l’intérêt de nos enfants, nous arriverons très rapidement à un accord pour offrir à nos enfants les meilleures conditions d’apprentissage et d’épanouissement.

En savoir + :

Manuel Valls annonce le maintien des fonds alloués aux communes pour la mise en place des rythmes scolaires
Courrier : Nicole Bonnefoy demande la pérennisation du fonds de compensation pour la mise en place des rythmes scolaires
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Lettre à tous les maires de France
Les principes de la réforme des rythmes scolaires sur education.gouv.fr
Le guide pratique de la réforme

Communiqué de presse :

Rythmes scolaires : Les aides de l’Etat maintenues au « niveau actuel » pour toutes les communes en 2015
Publication du décret relatif à l’organisation du temps scolaire dans les écoles maternelles et élémentaires