LGV : L’après-chantier, c’est déjà maintenant

8 mars 2013 | Non classé

[ Article Charente Libre du 08/03/13 ]

LGV : L’après-chantier, c’est déjà maintenant

Les terrassements de la base travaux de Villognon ne sont pas encore achevés. C’est pourtant déjà le moment d’envisager l’avenir du site. Élus et agriculteurs plaident pour une base de fret ferroviaire

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D’abord, la LGV. Puis derrière, la base de maintenance. Et au fond, quelques hectares qui laissent entrevoir des perspectives de développement économique. Photo : P. Messelet

«Il serait intéressant que l’on sache vite. On est actuellement en train de prendre des options techniques sur les réseaux, sur l’assainissement.» Qui ne seront pas les mêmes si c’est du provisoire ou du définitif. André Becquer, le contact des élus chez Cosea – constructeur de la ligne à grande vitesse (LGV) -, l’homme des angles arrondis, a une manière bien tranquille mais très ferme de mettre la pression. «Il y a un an que l’on en parle, maintenant, il faut y aller.» Nicole Bonnefoy, sénatrice et conseillère générale de Mansle, lui emboîte le pas. Nous sommes juste après la visite du chantier de la base travaux de Villognon. Et déjà, c’est l’après qui urge.

Trente hectares de plateforme, une quinzaine de fuseaux de rails et, aubaine, un raccordement existant sur la ligne SNCF actuelle Paris-Bordeaux. Ce sera la future base travaux de Villognon. Le point où convergeront les trains de matériaux pour, de part et d’autre, poser le ballast, les rails, les caténaires, les réseaux électriques. À terme, cela deviendra une base de maintenance avec 80 personnes à demeure pour l’entretien du réseau ferré LGV. Mais l’exploitant n’aura pas besoin de toutes les infrastructures ferroviaires.

Remettre en culture ou utiliser les voies

«Il faut savoir si l’on démonte et on remet en état de culture comme prévu par les engagements de l’État», insiste André Becquer. Ou si on lance le projet ébauché par Franck Vandeputte, premier adjoint à Villognon, porté par Nicole Bonnefoy, qui semble avoir séduit la Fédération régionale des coopératives agricoles. À Villognon hier soir, la salle des fêtes, remplie des élus du secteur, était unanime. Pour. Pour une plateforme de stockage, de réception, d’expédition de céréales, d’engrais. Il n’y a pas d’obstacle technique pour l’exploitant. Même pas pour mutualiser les raccordements entre Réseau ferré de France (RFF) et les différents opérateurs.

«On est pressé par le temps.» Claude Giton, le maire de Villognon piaffe aussi d’impatience. Et Jacky Guillen, le directeur de Charente Développement, plaide même pour une extension à d’autres activités que l’agriculture. Une vraie plateforme de fret qui pourrait tenter certains logisticiens. À la clé, une option de développement économique facilité par les accès routiers qui se dessinent sur la RN 10 à la hauteur de Mansle. «Le fret ferroviaire, ce sera l’avenir», plaide Nicole Bonnefoy.

La perche est à saisir. Vite. Les responsables de Sistra, l’opérateur ferroviaire, seront sur place en avril. Ils ont prévu d’organiser une réunion publique.

En bus minus chez les géants

C’est leur coin. Ils sont pour la plupart élus du canton de Mansle, maires ou délégués communautaires. Mais hier, invités par Nicole Bonnefoy, la sénatrice et conseillère générale du secteur, ils n’ont pas vraiment reconnu leur paysage. Une immense saignée dans le canton. Un chantier extraordinaire, le plus important d’Europe, qui change, évolue au jour le jour.

En bus, minus sur la piste, brinquebalés dans les nuages de poussière que soulèvent les crampons de la noria bourdonnante et ininterrompue des dumpers géants, tombereaux de 100 tonnes gavés jusqu’à la saturation de cailloux monstrueux, les élus ont découvert leur chantier. Les hectares de la future base travaux, lilliputiens au pied des culées du viaduc hors norme qui va tutoyer les nuages et courir sur 480 mètres pour enjamber les 30 mètres de large de la Charente à Luxé…

Le chantier de la démesure

Francis Garcia, le chef des ouvrages d’art, rigole. «À Claix, on a presque le même pour passer un ruisseau.» Pas d’erreur possible: la ligne à grande vitesse, c’est vraiment le chantier de la démesure où les remblais se calculent en millions de tonnes et où le mètre cube comme étalon fait à peine sérieux.

En quelques jours, ce chantier a encore changé. Les réserves de matériaux, «montagnettes» de quelques dizaines de mètres de haut par-ci, par-là, se sont un peu déplacées. Et bientôt, quand les quelques mètres de vide auront été comblés, les engins pourront traverser le saut-de-mouton, là où la LGV franchira la ligne actuelle, à 13 mètres de haut.

«On est dans les temps», affirme Thomas Vessiot, à la direction opérationnelle. C’est l’homme des terrassements. Plus que tout autre, il sait l’importance de Villognon. «C’est l’endroit stratégique du chantier, là où dès l’été les premiers équipements ferroviaires de la base travaux vont être posés, comme une immense gare de triage. C’est de là que partiront les trains de matériaux.» Pas le droit de se rater.

Là où s’étendaient les champs des agriculteurs locaux, les engins doivent brasser quelque 3 millions de mètres cubes de matériau concassé, calibré, épandu sur plusieurs mètres au-dessus des tunnels routiers, des passages grande faune.

Demain, ou presque, la plateforme sera livrée. Les raccordements à la ligne actuelle sont tracés au cordeau. Demain le chantier de la LGV aura encore changé d’aspect. […] Article Charente Libre

Les chiffres

17. En millions de mètres cubes, le tonnage déjà brassé sur les 60 de l’ensemble du chantier de Tours à Bordeaux.

10. Les viaducs à construire en Charente. Deux nouveaux ont été décidés dans le sud du département, vers Saint-Vallier et Brossac. C’est la moitié de tous les ouvrages de la ligne.

413. Le nombre de Charentais recrutés localement pour le chantier. Entre Londigny et Saint-Vallier, 1 235 personnes y sont à pied d’oeuvre.

2017. Le premier TGV commercial devrait rouler sur les voies nouvelles après un an d’essais et de marche à blanc. Paris sera à 1h35 d’Angoulême, Bordeaux à 30 minutes.

Dossier :

Photos : Les élus visitent le chantier LGV de Villognon et Luxé
Photos : Visite du ministre des transports sur le chantier du Viaduc de la Boëme
Chantier LGV en Charente : Une opportunité de développement
Remise en question de la base de travaux de Villognon
Contribution financière du Conseil général
Demande de compensation financière pour les communes

En savoir + :

Carte du tracé
Le projet de A à Z
Diaporama : Le chantier vue du ciel
Diaporama : Le chantier en sud Charente
Visite interactive de la ligne en 3D
Lettre mensuelle de LISEA
www.lgv-charente.fr
www.lgv-sea-tours-bordeaux.fr
www.lgvsudeuropeatlantique.org

Revue de presse :

La Charente métamorphosée
LGV : L’après-chantier, c’est déjà maintenant
Un ministre se transporte sur le chantier du siècle
Premiers coups de pelleteuse et déjà quelques surprises sur le trajet