Coup de massue dans les écoles
[ Article Charente Libre du 12.10.10 ]
Coup de massue dans les écoles
Les emplois aidés qui assistaient les directeurs d’école ne verront pas leur contrat reconduit. Ils seraient 70 à être concernés en Charente.
«Les personnes pensaient signer le renouvellement de leur contrat jeudi prochain. On leur a appris aujourd’hui [hier, NDLR] que ces contrats ne seraient pas renouvelés, que ce n’était pas la peine qu’ils se déplacent», raconte Jean-Paul Pochard, le secrétaire départemental du Snuipp-FSU, révolté. Les emplois de vie scolaire (EVS), ces contrats aidés lancés en 2006, ont du plomb dans l’aile. En Charente, Soixante-dix personnes seraient concernées dans un premier temps. À terme, c’est la totalité des petites mains qui venaient en aide aux directeurs d’école qui se retrouvent menacées. Pour accomplir des tâches administratives, appeler un parent, accompagner une sortie, «ils étaient devenus irremplaçables», témoigne Denis Lavauzelle, directeur de l’école Freinet à Soyaux.
Jean-Marie Renault, le tout nouvel inspecteur d’académie, ne peut que confirmer. «Les aides à la direction d’école ne sont plus considérées comme prioritaires. Ne sont pas concernés les contrats qui accompagnent les enfants handicapés, pas plus que ceux qui perçoivent le RSA.»
«C’est une catastrophe pour ces jeunes femmes qui sont dans une grande précarité. On leur a promis une formation qui n’a jamais vraiment été mise en place. Et il n’y a pas eu un seul mot de compassion», déplore Denis Lavauzelle.
Ophélie Dréano, 32 ans, travaille comme EVS à l’école de Bouëx depuis un an. Il y a quelques jours, elle recevait la lettre suivante: «Votre contrat d’accompagnement dans l’emploi arrive à terme au 30 novembre 2010. Il vous est proposé un nouveau contrat à compter du 1er décembre 2010. Je vous invite à vous présenter le jeudi 14 octobre 2010 entre 8h30 et 9h30 au Lycée de l’lmage et du Son [Lisa, NDLR] […] pour la signature de votre convention.» Et hier, la jeune femme a appris que, finalement, elle devrait renoncer à son job à la suite d’un mail plutôt sec envoyé dans les écoles concernées. «La dernière note de cadrage du service public de l’emploi régional nous informe de l’impossibilité de conclure de nouvelles conventions initiales ou renouvellements CUI-CAE [contrat unique d’insertion, contrat d’accompagnement dans l’emploi, NDLR]. […] En conséquence, vous voudrez bien informer les personnes concernées de l’annulation de leur rendez-vous prévu jeudi 14 octobre au Lisa.»
Aucune explication du revirement.
Pour Ophélie Dréano, c’est un peu raide. «Pour le moral, c’est dur. Je ne vais plus avoir de boulot. Je ne vais plus voir les enfants. Et vu la conjoncture, où est-ce que je vais trouver du travail?» Cette mère de deux enfants ajoute: «Il va y avoir un salaire en moins.» Jean-Paul Pochard s’insurge: «C’est une façon très cavalière de traiter les plus fragiles.» Denis Lavauzelle ajoute: «On les considère vraiment comme des Kleenex.»
Sur les raisons de ce revirement, aucune explication n’est donnée aux intéressés. «C’est d’ordre budgétaire, j’imagine», lâche Jean-Marie Renault. Qui dégage en touche: «C’est une décision qui ne relève pas de l’Éducation nationale.»
Pour Annie Epinoux, la secrétaire générale du Sgen-CFDT, «ce qui est dramatique, c’est que ce dispositif était destiné à la réinsertion». «Ce sont des plans sociaux qui ne disent pas leur nom.» Quelques poignées de «licenciés» supplémentaires qui défileront ce matin dans les rues.