SNCF: La Charente tient à la ligne Angoulême-Limoges

20 février 2018 | Toutes les actualités

20/02/18 | Article de Charente Libre

SNCF : La Charente tient à la ligne Angoulême-Limoges

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Entre Angoulême et Limoges, le TER circule au ralenti sur une voie vétuste et fait rarement le plein de passagers. Photo : M. Bouzzit

Angoulême-Limoges présente tous les critères de la « petite ligne » à supprimer. Le rapport Spinetta sur l’avenir du transport ferroviaire a ravivé les inquiétudes en Charente. Réactions.

« Chaque kilomètre parcouru par un voyageur coûte 1 € à la collectivité. […] L’économie qui pourrait être réalisée en cas de fermeture des petites lignes serait donc considérable. […] L’économie liée à la fermeture des petites lignes pour le système s’élèverait a minima à 1,2 milliard d’euros annuels (500 M€ sur l’infrastructure et 700 M€ sur l’exploitation des trains). »

Quelques lignes extraites des 127 pages du très commenté rapport Spinetta sur l’avenir du transport ferroviaire, remis au Premier ministre le 15 février. Quelques formules qui crucifient les lignes les moins fréquentées et qui, même si aucune liaison n’est clairement visée, ont sévèrement inquiété en Charente. Celle qui saute aux yeux, c’est Angoulême-Limoges: 120 kilomètres de TER, une vitesse de croisière de 40 km/h par endroits, des traverses qui s’effondrent, des passagers…

Le « pointillisme » de Bussereau

Il va « plaider pour plus de pointillisme. » Dominique Bussereau, président du conseil départemental de Charente-Maritime et ancien ministre des Transports, a rendez-vous jeudi avec le Premier ministre pour évoquer le sujet. « Il ne faut pas se contenter du rapport Spinetta. Il faut voir ligne par ligne, estime-t-il, et pas seulement avec la Région, mais avec les départements en charge de la solidarité, avec les communes, voir ce que la collectivité attend de cette ligne. Mais il ne suffit pas non plus que la Région achète des automoteurs et pense que les autres vont entretenir les infrastructures. Nous avons investi dans le rail comme la Charente dans les routes alors que ce n’est pas de notre compétence. Il ne faut pas de systématisme. Les départements veulent être dans la boucle de décision. » Dominique Bussereau est sévère. « SNCF Réseaux n’est pas capable d’assumer ses missions et refuse de les déléguer. » Ce ne serait peut-être même pas suffisant pour que la ligne, historiquement importante, retrouve sa superbe, comme « quand il y a quarante ans, des trains de nuit Genève-La Rochelle passaient par là. »

Henriette Trimoulinard : « Ça tue la Charente limousine »

« Cette ligne, je la vois moribonde et pourtant, pendant les épisodes neigeux et glacés, elle a circulé tous les jours. Et à l’heure. » Elle a passé les 80 ans et a quitté la présidence Poitou-Charentes de la Fédération nationale des usagers du transport (Fnaut). Mais Henriette Trimoulinard n’a rien perdu de son sens de l’humour. Et vu du côté de l’usager, « le rapport de l’aviateur, là » ne lui plaît guère. Et pas seulement parce qu’il donne « une image des cheminots qui ne leur correspond pas. » Elle a été de tous les combats pour le maintien du service ferroviaire, acharnée, figure de proue. Aujourd’hui, elle se désole. « L’autre jour, j’ai pris le 6h04 à Roumazières pour arriver à Angoulême à 7h20: 1h10 pour 52 kilomètres », avec les travailleurs et les lycéens. Parce que celui d’après, à 7h35 « arrive trop tard pour aller au travail ».

Henriette se désole, parce qu’il n’y a « plus personne dans les trains ». « S’il n’y avait pas quelques-uns du Limousin pour le TGV… » Henriette partage aussi les inquiétudes des élus et le coup de colère d’une formatrice, lors du comité de ligne de novembre, musclé, à Saint-Junien, qui râlait parce que ses élèves rentrent chez eux le vendredi à 23 heures. Henriette Trimoulinard, infatigable militante de la cause du rail et des transports publics, a toujours de la voix, pour dénoncer « l’immobilisme des élus, des gens aussi ». « Ça ne bouge pas. » Pourtant, puisqu’elle voit les rails de sa fenêtre, à Suaux, elle sait que la voie ferrée « pourrait redonner une vie » au secteur. « Mais avec sa lenteur et ses horaires, elle ne rend plus service. Sur l’est, il n’y a plus rien de nouveau, plus de correspondances. » En tant d’années de militantisme, Henriette Trimoulinard a bien saisi les enjeux de la ligne. « La mobilité, c’est ce qui tue la Charente limousine. » (…) Article Charente Libre

Dossier :

Intervention : Nicole Bonnefoy interroge M. Philippe Duron, Président du Conseil d’Orientation des Infrastructures
Courrier : Nicole Bonnefoy écrit au Préfet de Région concernant la ligne ferroviaire Angoulême Saintes Royan
Vidéo : Audition en Commission de M. Philippe Duron, Président du Conseil d’Orientation des Infrastructures

Revue de presse :

SNCF : La Charente tient à la ligne Angoulême-Limoges